Mère célibataire par choix : témoignage de Sabrina

Dites-le avec une lettre

Il y a des choses qu'on aimerait pouvoir écrire... Mais on ne sait pas toujours par où commencer, comment trouver les bons mots, véhiculer la bonne intention. Aujourd'hui, on vous aide à vous lancer et envoyer la lettre parfaite:

Les déceptions amoureuses et les échecs, un célibat qui perdure, parfois une grossesse accidentelle avec un homme qui ne veut pas devenir père, l’âge qui avance inexorablement avec le tic-tac de l’horloge biologique… Autant de raisons qui poussent certaines femmes à avoir un enfant, seule, à devenir mère célibataire par choix. Cela arrive souvent vers 40 ans même s’il est de plus en plus courant que des femmes y pensent dès la trentaine. Voici le témoignage émouvant de Sabrina, 43 ans qui a décidé de devenir mère célibataire par choix il y a 5 ans.

Je suis mère célibataire par choix, un témoignage émouvant de Sabrina

« Depuis mon enfance paraît-il, je disais à qui veut l’entendre dans ma famille que plus grande j’adopterai mes enfants. Je voulais adopter un enfant orphelin qui n’avait pas eu la chance de grandir dans une famille pleine d’amour à lui offrir. Je me voyais même faire de l’humanitaire pour aider ces bébés et ces enfants en Chine, en Inde, en Afrique noire, en Amérique latine.

J’étais sûrement idéaliste, je mélangeais tout, petite fille que j’étais. En fait, je ne savais pas encore que j’avais la réponse au sens que je cherchais à ma vie...

Évidemment les années passant, j’ai évolué, fait mes études, travaillé, rencontré mon premier amoureux, puis un autre, me suis glissée dans le moule et j’ai perdu de vue certains de mes idéaux.

Mais pas tous. J’ai gardé en moi cette envie de voyager, de découvrir le monde et cet amour des autres. Ainsi, j’ai choisi de faire des études universitaires en FLE français langue étrangère, ce qui permet d’enseigner le français à l’étranger. J’ai donc fait des stages pour parfaire mon cursus dans des lycées français à l’étranger. Un parcours intéressant mais un peu lisse qui me laissait sur ma faim qui ne m’enrichissait pas assez humainement parlant.

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J’ai vécu un grand amour avant de devenir mère célibataire

Diplômée mais pas encore sûre de la voie professionnelle à suivre, j’ai rencontré l’amour. Mon grand amour enfin c’est ce que je croyais. J’ai misé mon bonheur sur lui, sur nous. Notre couple, nos sentiments, nos projets. Nos weekends et nos vacances en amoureux ont remplacé mes voyages à l’étranger au contact des gens. Pour nous installer ensemble, j’ai choisi de me sédentariser dans un poste dans un lycée français pour les élèves étrangers en France.

J’y ai vécu de belles années même si parfois mes envies d’ailleurs me titillaient. Mais amoureuse, je voyais logiquement mon bonheur par le prisme de mon couple. Et heureux nous l’avons été. Pendant plusieurs années. Suffisamment d’années pour penser à passer le cap supplémentaire, celui de faire un bébé.

Et si je n’étais pas faite pour devenir une maman ?

L’aventure de la maternité n’a hélas pas été au rendez-vous. Pas avec lui. Pas comme ça. Nous avons essayé pendant plus d’un an et demi sans résultat avant de consulter. Il y avait un problème. Nous étions apparemment incompatibles à fabriquer un bébé ensemble. Pas stériles mais pas faits pour être parents ensemble. Ce n’était pas impossible mais le pourcentage de chance était très réduit. On a quand même essayé avec des aides à la procréation et naturellement pendant encore presque trois ans. Rien. Et ça a tout gâché. Notre couple n’était pas assez fort. Solide. Pas comme je le croyais. Il ne pouvait pas concevoir de ne pas être père. Je peux comprendre. Mais il a donc choisi de se donner les chances de le devenir. Et je ne faisais pas partie de son plan. Il m’a quittée. À refait très vite sa vie et il est devenu père tout aussi rapidement. 

Peut-être que c’était moi le problème. Que je ne pouvais pas devenir mère. Je l’ai longtemps pensé. J’ai sombré dans une sorte d’hébétude, de chagrin permanent après son départ. Pendant presque un an. Je pensais être détruite comme femme et indigne d’être mère. C’est ainsi que je le ressentais. Alors quitte à aller mal, autant me rendre utile. J’ai postulé pour des postes à l’étranger. Loin. De lui, de nous, des souvenirs et de ma peine. Je me suis rappelée mes rêves d’enfance. J’ai demandé à aller enseigner et aider des ONG en Inde, au Mozambique et au Laos. J’ai reçu une réponse favorable pour partir un an au Mozambique. J’ai fait mes valises, tout laissé derrière moi et je suis partie.

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Mère célibataire par choix : le vrai sens de ma vie

Là-bas, j’ai eu l’impression de renouer avec la vie, de retrouver celle que je voulais être, celle que j’avais enfouie. Au contact de collègues bienveillants devenus des amis, de mes élèves avides d’apprendre, des mozambicains avec qui nous travaillions sur des chantiers humanitaires, j’ai retrouvé un sens à mon existence, j’ai arrêté de culpabiliser et j’ai relevé la tête.

J’ai compris que la vie m’avait joué un sale tour, mais que ce n’était pas pour cette raison que je devais tout abandonner. Je pouvais être heureuse autrement. Et j’avais le droit d’être mère, à ma façon. Là-bas, ma vie de femme était différente, mon envie de maternité aussi. Quelque chose commençait à germer dans mon esprit, une envie de plus en plus forte mais je ne voulais pas agir par dépit, pour de mauvaises raisons, ni à cause de mon âge qui avançait. Vieille je ne l’étais pas, mais quand on est une femme, devenir mère peut parfois s’apparenter à une course contre la montre.

Pour être sûre de moi je suis rentrée en France pour en parler avec ma famille et mes amis toujours proches malgré la distance. J’ai pris les informations officielles, consulté psychologue et médecin, ai fait le vide pour savoir si celle que j’étais devenue au Mozambique était bien la vraie Sabrina, où que je sois.

De retour au Mozambique, je me suis lancée. Aidée de mes amis et collègues sur place, connaissant la vie là-bas, j’ai pu faire les démarches officielles sans tomber dans un réseau douteux, sans avoir à monnayer ce qui ne se monnaye pas, l’amour d’un enfant.

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Vous l’aurez compris, j’ai décidé de me lancer dans l’aventure de l’adoption, de devenir mère célibataire par choix à 38 ans.

Comme l’envie de tomber enceinte des années plus tôt avec mon ancien compagnon, cela a été un parcours du combattant. Il était écrit que je devais mériter d’être mère je crois… Cela a pris presque une année de paperasse, de démarches administratives, d’entretiens, de dossiers, d’allers-retours, de coups de téléphone. Puis encore presque une année avant que je devienne officiellement la mère adoptive, la maman, de mes enfants.

Oui, mes enfants. Car, quand je suis allée au foyer pour les enfants, ce n’est pas une évidence qui s’est imposée à moi, mais deux. Un frère et une sœur, deux enfants, bientôt mes enfants, de 1 an et 3 ans, adoptables car orphelins, mais qui étaient encore là malgré leur jeune âge car les adoptants ne voulaient pas une fratrie et les services sociaux ne voulaient pas séparer les deux enfants. Et ils ont eu raison, tellement raison.

J’ai pu venir les voir régulièrement pendant presque une année. Une année durant laquelle on s’est apprivoisés, on a appris à s’aimer. Une année au cours de laquelle mon fils a appris à me voir comme sa nouvelle maman, et ma fille a prononcé son premier mot, maman, en me regardant. Je ne savais pas que tant d’amour était possible…

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Le jour où je suis devenue maman solo fut le plus beau jour de ma vie

Le jour où je suis revenue pour les emmener chez nous « à la maison » a été le plus beau jour de ma vie. Nous sommes devenus une famille et ce rêve de petite fille était en fait ma destinée. Il était écrit que je serai maman, à ma façon, mais une vraie maman quoi qu’il arrive. En fait, mon rêve s’était doublement réalisé en m’offrant d’être mère de deux trésors d’amour en même temps.

Depuis, nous avons vécu au Mozambique puis en France, en fonction de mes contrats professionnels. Cela fait 3 ans que je suis officiellement leur maman. Si mon ventre n’a pas donné la vie, mon cœur lui, si. Ce choix de devenir mère célibataire, si c’était à refaire, je le ferai sans hésiter.

La vie nous impose parfois des épreuves douloureuses, des désillusions, des peines. Elle nous soumet à l’attente, la peur, le chagrin, la solitude. J’ai connu tout ça. Mais aujourd’hui, si je regarde en arrière, je me dis que la vie me mettait juste sur le bon chemin pour rencontrer celle que j’étais vraiment et me donner la chance de vivre ce pourquoi j’existais. Je suis une mère adoptive, une mère célibataire, une mère tardive peut-être, mais je suis avant tout une maman. »

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