Ce n’est pas cette vie de famille que je voulais : témoignage d’une maman solo

Dites-le avec une lettre

Il y a des choses qu'on aimerait pouvoir écrire... Mais on ne sait pas toujours par où commencer, comment trouver les bons mots, véhiculer la bonne intention. Aujourd'hui, on vous aide à vous lancer et envoyer la lettre parfaite:

Tomber amoureuse, se mettre en couple, s’installer ensemble, se marier ou non, faire un enfant. C’est le parcours souvent classique d’une histoire d’amour faite d’engagement. Pas obligatoire évidemment, chaque relation est unique, chaque couple suit son propre chemin. Mais il est courant que la vie de famille soit l’étape suivante à la vie de couple. Quand cela arrive, on nage normalement dans le bonheur et on se projette dans un bel avenir où la famille est la priorité. Hélas, ce n’est pas toujours le cas. Trop souvent, le couple se sépare avant que la vie de famille ne puisse s’installer et c’est une vie de famille monoparentale qui prend le relais. Et c’est rarement ce qu’on avait imaginé. C’est le sens du témoignage d’une maman solo, Marion, qui nous dit « ce n’est pas cette vie de famille que je voulais ». Elle nous raconte ses déceptions et désillusions, ses manques et ses regrets.

Ce n’est pas cette vie de famille que je voulais : témoignage d’une maman solo, Marion

Quand j’ai eu ma fille, j’étais la femme la plus heureuse du monde. C’est un peu cliché mais c’est tellement ce que j’ai ressenti. Je me suis dit que j’étais comblée et que j’allais connaître plein de moments merveilleux en famille, à trois.

Avec le papa, nous étions ensemble depuis quelques années et si ce n’était pas parfait entre nous, les sentiments étaient là, suffisamment forts et sincères pour qu’on veuille un bébé.

Ou alors on avait envie tous les deux d’être parents, tellement envie qu’on n’a pas réalisé que notre couple était en fait trop fragile ? Peut-être… A vrai dire, je ne sais pas.

Avais-je idéalisé la vie de famille ? Était-ce normal d’être si rapidement déçue ? D’avoir des attentes, des envies, des projets de couple et qu’aucun ne se concrétise ?

Pour moi, cela me tenait à cœur de nous construire un cocon, de nous créer des habitudes et des rituels, de passer du temps ensemble et de faire des projets de couple et de famille. Pas au détriment de mon couple, mais en trouvant un bon équilibre à deux et à trois.

La première année de notre fille, comme beaucoup de parents je suppose, on a pris nos marques. C’est l’année de toutes les découvertes, des apprentissages, d’un rythme de vie à prendre avec bébé.

J’y voyais le ciment sur lequel on allait fonder notre vie de famille, j’avais tort.

Le papa lui, très vite, s’est détourné de la maison, comme si cela l’ennuyait. Il a très vite repris le chemin de sa vie sociale comme s’il agissait en célibataire, sans enfant. Il rentrait tard, allant voir ses potes après le travail. S’il s’occupait correctement de notre fille, pour autant il ne proposait jamais rien, ne faisait aucun projet.

Les sorties, les weekends, les vacances, il ne s’en occupait pas. Les moments en famille, en toute simplicité à la maison, il n’y prenait pas part. Il leur préférait son sport, ses copains, son téléphone, sa console.

J’ai réalisé que le père de ma fille était immature, égoïste, qu’il n’était pas prêt ou pas fait pour une vie de famille.

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Ce n’est pas cette vie de famille que je voulais, celle d’une famille monoparentale

Nous avons fini par nous séparer deux ans après. Deux années durant lesquelles j’ai espéré qu’il changerait, qu’il comprendrait, qu’il montrerait son envie d’être avec nous. Mais non, rien.

A cause d’une absence d’instinct paternel ? Parce qu’il ne m’aimait plus ? Les deux ?

Rien n’a changé, alors la séparation était inéluctable. Et elle n’a fait que confirmer ce que je redoutais. Sa fille, s’il l’aimait, il ne voulait pas s’en occuper. C’est comme s’il avait fait un enfant pour la montrer, pour faire bien, pour jouer au papa mais il n’avait rien d’un père au quotidien.

Il n’a pas demandé à faire une garde alternée, il s’est contenté de la moitié des vacances et de quelques weekends quand son emploi du temps laissait un peu de place à notre fille. Toujours en retard pour la récupérer le vendredi, toujours en avance pour la ramener le dimanche par contre !

Il revivait son célibat comme un adolescent attardé. Les sorties, les copains, les nuits blanches, les filles sans doute… J’ai parfois regretté qu’il soit le père de ma fille.

Attention, je ne suis pas une maman parfaite, évidemment pas. Mais à partir du moment où ma fille est née, elle est devenue ma priorité. Oui c’est parfois une contrainte ou un sacrifice quand on est à bout de fatigue, seule à gérer, malheureuse, inquiète. Mais malgré tout ça, rien ne pourrait m’ôter mon instinct maternel ou m’éloigner de ma fille.

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Depuis je suis donc une maman solo, s’ajoutant aux statistiques des parents séparés et des familles monoparentales.

Triste réalité à laquelle j’ai du mal à me faire. Car elle me renvoie à l’échec de cette vie de famille que je voulais tant vivre.

La vie que je mène aujourd’hui, ce n’est pas la vie de famille que je voulais.

Moi je rêvais d’un couple uni et heureux, d’albums de famille, d’anniversaires et de Noël magiques, de vacances inoubliables. Des promenades dans les bois le dimanche, en apprenant à notre fille à faire du vélo. Tous ces petits riens mais qui sont tant de choses au final. Ces moments simples mais uniques qui font une vie de famille. Ces moments partagés qui construisent les souvenirs et fleurissent les albums photos et les galeries des téléphones.

Ma vie actuelle, c’est tout l’inverse. Tous les moments privilégiés avec ma fille, je les vis seule. Ce n’est qu’avec moi qu’elle apprend, qu’elle découvre, qu’elle grandit. Et moi je n’ai pas le compagnon, l’amoureux, le papa avec qui partager ça.

Je sais que l’important, c’est qu’elle s’épanouisse. Mais cela n’empêche pas mon cœur de maman de se sentir coupable et mon cœur de femme d’être désespérément seul, comme desséché.

On espère, on rêve, on imagine une vie, qu’on pense simple, authentique, accessible. Pour y parvenir, on pense avoir trouvé la bonne personne, fait les bons choix. On s’en donne les moyens, on s’investit. Et au final, c’est un échec, une désillusion, une déception.

Pas des regrets, car ma fille est la plus belle des joies, ma plus belle réussite, ma plus grande fierté. Mais je ne vais pas mentir en disant que cette vie de maman solo me convient, car c’est faux.

Je n’ai pas choisi de faire un bébé toute seule, de l’élever quasi seule, de renoncer sciemment à une vie de famille. Faire le deuil de ma vie de famille après la séparation est un travail de longue haleine et je ne sais pas si j’y arriverai un jour, honnêtement. J’ai parfois l’impression que cet échec me suivra toute ma vie, que je serai toujours nostalgique de ma propre enfance, de la première année de vie de ma fille.

J’espérais tant en devenant maman que je suis tombée de haut. Comme beaucoup d’autres parents solos, je m’en doute bien. Alors que faut-il faire, malgré le bonheur d’avoir ma fille avec moi, pour profiter pleinement de la vie ? Comment faire pour parvenir à me considérer comme une famille, même si nous ne sommes que toutes les deux ?

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4 réflexions au sujet de “Ce n’est pas cette vie de famille que je voulais : témoignage d’une maman solo”

  1. Moi aussi, courage et ces moments simples et forts tu peux les partager avec d’autres personnes, d’autres « parents », des proches de sang ou non, avec qui vous partagez l’amour et l’émerveillement que fait vivre un enfant. Que le ciel t’accompagne, il est partout autour de toi, et surtout, dans le rire de ta fille et son écho dans ton corps et ton coeur.

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  2. Merci pour ce texte, qui fait écho a mon histoire…cette désillusion, ce projet de vie qui restera un rêve, ce partenaire qui n’est pas celui qu’on pensait, pas à la hauteur…
    L’immaturité, l’égoïsme du papa alors que la maman est prête à tout sacrifier pour son bébé…
    Ça reste magnifique d etre abec ce bébé chéri mais tout est teinté d’un voile de tristesse , que j’espère temporaire . Un deuil à faire de son couple, de sa famille idéalisée…

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  3. Je comprends tellement. C’est tellement ce que je vis. J’ai l’impression que ce deuil de la famille dont je rêvais, d’un frère ou d’une sœur pour mon fils n’en finit pas. Je connais tellement ce voile de tristesse posé sur toute chose alors que je voudrais juste être heureuse et profiter de mon fils.

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  4. Vraiment d’accord avec toi! Je vis la mm chose. Un reve de famille brisée.
    Mon bébé a16 mois. Ma vie?
    Papa solo qui vit à fond pour mon bébé. Ms c’est tellement triste sans maman. Vais je m’y remettre?
    Pas sûr. Mon idéal de vie de famille était trop grand ? Pourtant, la maman est une excellente maman. Nous sommes de super parents.. ms séparé.. à vie 🥺
    Bon courage à ts ceux qui vivent cela. 🙏

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