Un peu d’air : Un texte puissant de Dylan Pédron

Dites-le avec une lettre

Il y a des choses qu'on aimerait pouvoir écrire... Mais on ne sait pas toujours par où commencer, comment trouver les bons mots, véhiculer la bonne intention. Aujourd'hui, on vous aide à vous lancer et envoyer la lettre parfaite:

Un peu d’air

« Calme-toi. Respire. Y’a plein d’autres choses à faire dans la vie, c’est pas ça qui va t’arrêter ou déterminer ton ambition. »
Silence.
« Franchement t’y mets pas du tien gros, on dirait t’aimes bien être dans le mal »
Silence.
« Tu sais quoi ? Tu fais 10 pompes à chaque fois que t’y repenses. – Pas con, mon pote. Je vais faire ça. Allons-y »

Douleurs. Dans les bras. Mais pas que. Dans le cœur surtout. Rien n’est comparable à cette sensation de mal-être lié à la tristesse.

C’est fou ce que la vie prend vite ses habitudes, s’attache, fixe un objectif et avance, visant le futur comme étant la destinée. Alors qu’en quelques minutes, lignes, phrases, larmes, un objectif devient simple souvenir. Et en même temps … quel souvenir…J’me voyais déjà en haut de l’affiche, qu’il disait. Cette affiche était belle, plus belle que celles que j’ai vues auparavant. Avec trop de projets et d’ambition pour tenir sur le papier brillant.

Après avoir fait 56 séries de 10 pompes en quelques minutes, je me pose sur l’ordinateur.

Un tour sur Facebook ? Erreur, Messenger est connecté, et elle avec.

Netflix ? Très bien. Mais le premier choix reste notre dernière série. J’engage ma 57ème série. De pompes encore une fois.

« Viens on se voit.

– Aucune envie, bro. T’en fais pas, ça ira. »

Non, ça n’ira pas. Mais inutile de l’inquiéter. J’ai déjà géré pire. C’est douloureux sur le moment, moins au fur et à mesure des heures, jours, semaines, puis ça passe. Un jour. Ça devient un souvenir, parfois agréable, souvent revanchard, parfois même vengeur, mais seulement un simple souvenir.

Après avoir terminé ma 590ème pompe, en me relevant péniblement du sol, avec autant de sueur sur le front que de larmes sur le parquet, je me pose en tailleur, et me forçant à être pensif, je m’envole. Loin de tout, de ma chambre, ma maison, ma ville, de ma planète même.

Et là-haut, dans un endroit que seul moi connais, je retrace le fil de cette histoire, courte, intense et passionnante.

Une belle rencontre, professionnelle au départ, passionnelle ensuite. A un moment où ma vie était tout sauf propice à construire, terminant juste une histoire, mais pourtant … quand une plante doit pousser, elle peut même casser le béton. Pour le coup, là, la plante a poussé plus vite qu’un bambou. Et qu’est-ce que j’étais bien …

Ça commençait mal pourtant, je n’étais pas son style, elle n’était pas le mien. Mais deux aimants n’ont pas besoin de ça pour s’attirer, tant que les pôles + et – se retrouvent. J’étais surement le -.
Je ne peux même pas l’expliquer tellement c’était évident.

Une vibration me sort de mon introspection. C’est elle.

« Ça me bouffe la tête même si je t’aime ».

Ça y est, c’est sûr, c’est plié. C’est mort.
Passons aux abdos. C’est bien les abdos. Une centaine d’un coup, ça aidera.
Puis je repars dans les cieux, à chercher pourquoi ça lui bouffe la tête.

Je suis loin d’être parfait, bien au contraire. Je ne l’ai jamais caché. C’est d’ailleurs quelque chose que j’ai du mal à faire, faire le faux-semblant. Bizarre pour un comédien, non ?
Je n’ai jamais dissimulé les blessures, le passé, les failles et le côté à fleur de peau. Mais c’est plutôt mon égo qui est coupable. Quel sombre connard, celui-là.

La faute à un caractère de con dès qu’il y a un conflit. Tu sais, cette petite voix qui te pousse à vouloir avoir raison, quel qu’en soit le prix. A tenir tête. Même si le jeu n’en vaut pas la chandelle.

Même si tu peux tout y perdre. Même si tu y as justement tout perdu.

C’est tellement bête en plus quand tu sais qu’il est là, ton égo, bien au chaud, à attendre le conflit, et que même en le sachant, tu n’arrives à le remettre en cage qu’après une grosse désillusion. Je devrais peut-être me mettre au Yoga ou à la Méditation.

« Mec c’est tellement du gâchis tout ça – Oui c’en est mais tu n’y peux plus rien. Ça sert à rien de te mettre dans cet état – Je sais »

Bien sûr que je le savais. C’était évident. Être bien ou être mal ne changera pas l’issue, vu que le destin ne m’appartient plus. Elle a besoin d’air. Moi j’en manque pas, d’air. J’aurais pu lui en donner.

Silence sur le plateau. Par texto, sur les réseaux, le mode « grotte » est activé. Ça n’aide pas à aller mieux mais ça évite d’en parler pour rien. Ou peut-être le mode « avion », pour repartir là-haut.

Pourquoi vouloir toujours avoir raison ? Ça ne sert strictement à rien !

Pourquoi avoir toujours cette impression que, quand quelqu’un te reproche des choses, c’est forcément pour te rabaisser ? Ce n’est pas ça le dialogue. C’est pas ça la vie.

Et en même temps, est-ce totalement blâmable quand on sait que c’est de la défense plus que de l’envie ? Que si je me sens autant attaqué, c’est qu’on m’a autant attaqué plus jeune et que j’ai du mal maintenant à croire que quelqu’un puisse me critiquer sans m’attaquer, puisse être positif dans le négatif, puisse m’aider en me taclant. Montrer les dents pour ne pas être mordu. Contrer pour ne pas être blessé. Y’a des habitudes qui sont dures à arrêter, des douleurs qui sont compliquées à cicatriser. Même si la volonté est là, ça prend du temps. Et tout le monde ne peut pas être aussi patient.

Pourtant, dans le fond, je sais qu’elle ne me voulait que du bien. Elle n’est pas de ces filles que j’ai connues et qui critiquaient pour gagner un bras de fer dans le couple et asseoir une domination sur le duo. Elle était juste vraie, et ça faisait du bien.

Avec une fille comme ça, tu te sens devenir meilleur, plus fort, plus grand, plus beau, plus ambitieux.

Tu veux te projeter loin, sans limite. Et sans elle, tu redeviens juste toi, en moins bien même. J’crois bien que je l’aime, cette fille. Et elle aussi, vu sa façon de me regarder. De venir dans mes bras. Y’a des gestes qui ne trompent pas. C’est d’autant plus un sérieux gâchis.

Je suis là-haut, je regarde la Terre et je vois la vie sous mes pieds. Ces gens heureux, forts, puissants à deux. Ça donne envie. Faut vraiment être con pour se gâcher ça.
Je suis là-haut, et je me dis que finalement, quitte à être seul, autant rester là. Partir loin. Ça me fera du bien aussi de prendre un peu l’air.

[Texte inspiré et romancé – A ne pas prendre pour ma réalité]

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