Je suis désolée de ne plus t’aimer

Dites-le avec une lettre

Il y a des choses qu'on aimerait pouvoir écrire... Mais on ne sait pas toujours par où commencer, comment trouver les bons mots, véhiculer la bonne intention. Aujourd'hui, on vous aide à vous lancer et envoyer la lettre parfaite:

Après son merveilleux texte « De quoi as-tu peur ? » la lectrice N. revient avec un texte une fois de plus bouleversant.

Je suis désolée de ne plus t’aimer

Je suis désolée.

Désolée que quand tu sois venu habiter chez moi, que tu aies tout emmené avec toi, tes affaires, tes craintes, tes peurs, tes espoirs, tes joies en te disant que ça y est, enfin tu serais chez toi, enfin tu partagerais un foyer avec quelqu’un qui t’aimerait comme tu es, pour tout ce que tu représentes, qui te comprendrait, ne te jugerait pas et t’accepterait pleinement autant pour tes qualités que pour tes défauts. Tu as voulu créer en arrivant chez moi un cocon, une bulle dans laquelle on ne se retrouverait que tous les deux et qui serait à notre image, faite sur mesure, un peu brinquebalante. Désolée de ne pas l’avoir vue, désolée surtout de ne pas l’avoir acceptée cette bulle et de ne pas en avoir voulu quand c’était tout ce dont tu rêvais. Tu rêvais d’un abri intemporel hors de ce monde, où l’on pouvait s’échapper, rêver d’un ailleurs, d’un meilleur, quand moi la seule chose que je voulais c’était sortir de notre abri pour aller retrouver ce monde que tu fuyais.

Désolée de ne pas avoir vu tout ce que tu m’offrais, désolée de ne pas avoir partagé autant que toi tes aspirations.

Désolée de ne pas t’avoir accepté pleinement chez moi et de ne pas avoir fait en sorte que cela devienne un chez nous dans lequel tu te serais senti à l’aise et chez toi, sans contraintes.

Désolée de t’avoir vu comme une entrave à ma liberté, comme un frein à mes rêves et à ma vie. Comme une enclume qui me tirait vers le bas, me pesait alors que tout ce que je souhaitais c’était déployer mes ailes et voler haut dans le ciel, aller côtoyer les astres.

Désolée de ne pas avoir été inspirée quand j’étais avec toi, de t’avoir considéré comme mon détracteur, comme mon anti-inspiration, alors qu’avant toi tout m’inspirait et me parlait. Désolée d’être devenue hermétique à toute beauté, toute envie.

Désolée d’avoir sombré dans le pessimisme et l’obscurantisme à ton contact, d’avoir perdu mon éclat de vivre, mes éclats de rires et mes sourires qui remplissaient les pièces avant, qui contagiaient les autres et qui sont avec le temps devenus aussi vides que mon regard.

Désolée de ne pas avoir été plus forte que ça, de ne pas avoir réussi à continuer à t’aimer malgré tout quand toi tu me poussais chaque jour un peu plus à te détester, désolée de m’être laissée entraîner sur la pente de la haine, de la rancune, de la colère alors que quand je t’ai connu je te promettais de la douceur, de la tendresse, de l’amour à perte de vue.

Désolée que mes désillusions aient pris la place de nos rêves, de nos folies, de nos éclats de rires, de nos conversations absurdes. Désolée que la réalité nous ait rattrapés, moi qui pensais qu’on était protégés de tout, avec nos esprits incongrus.

Désolée de les avoir perdus et égarés, trop occupée que j’étais à trouver cent raisons de partir plutôt que de chercher milles raisons de rester.

Désolée d’avoir détesté tes défauts et d’en avoir fait mon obsession plutôt que de passer le temps à te trouver de nouvelles qualités et à t’aimer davantage.

Désolée de ne plus avoir pu. Désolée d’avoir perdu courage et espoir quand nos disputes prenaient le pas sur nos baisers, que nos rancunes prenaient le pas sur nos pardons, que nos colères prenaient le pas sur notre amour et que notre passé devenait notre futur.

Désolée d’avoir été à bout de souffle, à te  répéter inlassablement que je t’aimais, à te rassurer, te réconforter, chasser tes doutes et tes incertitudes et recommencer le lendemain parce que tu étais tétanisé par la peur que je parte un jour, pour un meilleur ailleurs, pour une vie sans toi.

Désolée que mes bras n’aient plus eu la force et l’énergie de te protéger, de te caresser, de te calmer, de te câliner, de t’aimer, que mon corps ait cessé d’être ton refuge, ta grotte, ta caverne, qu’il ait arrêté de te servir de rempart contre toutes les tempêtes et contre nos ouragans, contre les pluies d’automne et celles estivales, qui te tombent dessus sans crier gare, désolée que tu n’aies plus d’endroit où te lover.

Désolée tout simplement de ne plus pouvoir et surtout de ne plus savoir comment nous conjuguer.

N.

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