Un lecteur, Michel, m’a envoyé cette lettre qui m’a remuée : une lettre adressée à une femme qui le hante, qu’il soupçonne d’être la femme de sa vie mais qu’il n’a pas su garder il y a 30 ans… Beaucoup d’émotions !
Peut-être était-ce toi, la femme de ma vie et je t’ai perdue il y a 30 ans…
C’était il y a si longtemps…
Et pourtant tu es toujours là, dans un coin de ma tête. Tu viens me hanter, comme ça sans raisons apparentes, quand ça te chante…
J’ai bien compris que c’est mon esprit qui gère tout mais pourquoi toi ?
Pourquoi es-tu la seule à réapparaitre depuis plus de 30 ans ?
Je me souviens de toi, de ton doux visage, de tes beaux petits yeux marrons, de tes longs cheveux et de ta voix douce… mais pourtant je ne me souviens pas de notre histoire, de notre rencontre…
Alors pourquoi es-tu là ? À quoi me sers-tu ? Quel est ce message que je ne comprends pas ? Est-ce seulement moi qui fais une fixette sur toi ? mais pourquoi ?
Je n’ai d’autres souvenirs de toi qu’une photo d’identité et une nuit gâchée par mon comportement que je ne m’explique toujours pas…
J’ai une image de cette nuit dans ma tête mais le doute s’invite en moi quant à savoir si elle révèle une situation réelle ou une image fabriquée…
Je t’ai dans la peau depuis tout ce temps, pourtant j’ai eu d’autres aventures, de belles histoires d’amour, je pense avoir croisé la femme de ma vie mais ne pas avoir su la garder… J’ai été marié, j’ai eu des enfants, j’ai voyagé, j’ai vécu de bons moments et de belles choses… et tu ne les as pourtant jamais partagées…
Alors pourquoi trottes-tu toujours dans ma tête ?
Pourquoi ne m’est-il pas possible de t’oublier ou plutôt de te ranger dans mes souvenirs ? Que pourrais-je avoir d’autre à faire ?
J’ai tenté pendant toutes ces années de te retrouver, je n’y ai pas mis beaucoup d’entrain, je l’avoue, peut-être avais-je peur de te retrouver ou le contraire… Quelques appels à tes parents mais ta mère n’a jamais rien laissé filtrer sur ce que tu étais devenue…
Le temps continua inexorablement à défiler. Avec l’informatique et surtout internet, un nouveau moyen s’offrait à moi pour effectuer de nouvelles recherches mais sans résultat, tu n’existais pas, tu n’existais plus… Tu étais là, dans ma tête et tu refaisais surface de temps en temps, sûrement dans des moments de baisse de régime… en fait je n’en sais rien, c’était peut-être simplement de la curiosité, juste pour savoir ce que tu étais devenue…
30 ans ont fini par passer, 31 même…
Il a fallu un virus, une pandémie, un confinement pour que j’utilise le temps et le calme qui m’était offert pour réaliser une vraie recherche. Deux mois m’auront suffi pour te retrouver et te découvrir en femme… Une belle femme d’ailleurs… Et puis un mal-être m’a envahi… Rien n’est vraiment remonté, pas de souvenirs autres que ceux que j’avais déjà et pourtant une boule au ventre et des palpitations se sont installées pendant plusieurs jours… Le choc ? la joie ? le plaisir de te retrouver ? Je n’ai pas vieilli avec toi et pourtant quand j’ai découvert tes photos, j’ai eu l’impression de ne jamais t’avoir quittée… Aucune surprise en découvrant ton visage, tu m’apparaissais comme si je t’avais quittée la veille… Étrange non ???
Même si tu n’as pas souhaité échanger avec moi, je ne cesse de penser à toi, de nombreux signes se manifestent dans ma vie de tous les jours. Ça va de la caissière du supermarché qui portera le même prénom à un reportage à la télé qui montrera une femme qui exerce le même métier que toi mais porte aussi ton troisième prénom et là ça me perturbe plus… en passant par ton lieu d’habitation…
Je me dis qu’il y a forcément une raison à tout cela.
Peut-être changeras-tu d’avis et alors nous pourrons nous parler et enfin refermer ce chapitre de ma vie ou de nos vies car toi aussi tu as peut-être des questions en suspens qui refont surface depuis que mon nom voire mon image a réapparu dans ton esprit… Il y a de fortes chances pour que tu ne lises jamais ces lignes, aujourd’hui tu es mon fantôme, mon doudou, ma punition… je te demande pardon… Peut-être était-ce toi, Carole, la femme de ma vie…