Les parents tondeuse : ces parents qui font plus de mal que de bien à leur enfant

Connaissez-vous l’expression « parents tondeuse » ou « parents chasse-neige » ? Avant cela, on parlait beaucoup des « parents hélicoptères ». Curieuses ces appellations, n’est-ce pas ? Ces termes désignent, avec des nuances, l’implication excessive des parents dans l’éducation de leurs enfants. Cette nouvelle tendance parentale, « le parent tondeuse à gazon », vient des propos d’une institutrice américaine. Voler au secours de son enfant en permanence, anticiper ses besoins, y répondre sans cesse et le surprotéger. Quelles sont les conséquences de ce comportement ? Les parents tondeuse : ces parents qui font plus de mal que de bien à leur enfant. Décryptage.

Les parents tondeuse : qu’est-ce que c’est ?

Ce terme concerne « un parent qui surprotège de façon anxieuse son enfant et a des attitudes d’hyper-contrôle sur sa vie, anticipant et prenant en charge les choses à sa place » selon les spécialistes.

En effet, ce sont des parents qui sont aux petits soins de leurs enfants. Rien de plus normal me direz-vous. Sauf que dans leur cas, cela se fait de façon excessive et permanente.

Ils répondent à leurs moindres sollicitations sans délai et parfois même sans attendre un vrai besoin de la part de leurs enfants. Ils sont à leur service et ne laissent jamais leur fils ou leur fille prendre une initiative ou régler un situation ou un problème de leur propre chef, ou au moins essayer.

En bref, ils leur “coupent l’herbe sous le pied”, ce qui explique l’utilisation de cette drôle d’expression de parents tondeuse pour les désigner.

Le parent tondeuse intervient dans tous les domaines de la vie de son ou ses enfants, susceptibles d’occasionner un obstacle ou une difficulté. Aussi minime soit le problème, ils l’anticipent et le règlent à la place de leurs enfants.

Ce comportement se vérifie dès la naissance. Vous savez, ce sont ces parents qui se précipitent aux moindres pleurs de bébé. Qui vont surveiller sa respiration pendant son sommeil. Qui anticipent la moindre chute quand leur enfant se met à marcher, l’empêchant parfois de tester sa motricité. Mais un bébé d’environ 12 mois tombe forcément pendant l’apprentissage de la marche !

Plus tard, le parent tondeuse empêchera son enfant de monter sur le toboggan au parc, de jouer avec l’herbe ou la terre, de se salir.

Alors qui sont ces parents inquiets de tout, qui anticipent, répondent oui tout le temps, sont omniprésents ou presque ? Ces parents allant jusqu’à empêcher leurs enfants de vivre leurs propres expériences et de répondre eux-mêmes à leurs besoins ?

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Qui sont ces parents excessivement impliqués ?

L’expression parents hélicoptères existe depuis 1969, mais il a surtout été popularisé, via le monde scolaire américain, depuis les années 2000.

Il s’agit du parent qui vole au secours de son enfant dès que ce dernier à un problème, peu importe lequel. Pour lui, son enfant doit être aidé, accompagné, assisté en permanence, afin de favoriser sa réussite. Qu’elle soit scolaire, artistique, sportive, sociale. Mais pour cela, il va jusqu’à faire les choses à la place de sa progéniture.

Les parents qui agissent ainsi sont principalement issus de la génération des baby-boomers nés entre 1946 et 1964 avec des enfants de la génération Y, nés entre 1980 et 2000. Mais aussi des parents de la génération X nés entre 1965 et 1979 avec des enfants de la génération Z nés à partir de l’an 2000. Et cela semble continuer avec les modes d’éducation des familles actuelles…

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Parents tondeuse et parents hélicoptères, quelles différences ?

Le parent hélicoptère est un peu comme un service d’urgence ou de secours. Comme les pompiers ou le SAMU, il intervient une fois le problème survenu, très rapidement et à chaque fois. Il est en surveillance permanente, ce qui lui permet d’être là au moindre problème et de venir régler le problème à la place de son enfant. Il ne laisse pas de place à son libre-arbitre ou à son esprit d’initiative, les solutions trouvées sont toutes parentales.

Le parent tondeuse, lui, est donc celui qui anticipe tout, les besoins, les envies, les problèmes éventuels de son enfant. Pour cela, il prend les devants, agit en amont, « ratisse la pelouse » pour éviter que son enfant trébuche sur une racine ou un caillou. Il lui balise le chemin en supprimant tous les obstacles, fait tout le nécessaire pour l’empêcher de faire face à l’adversité, aux problèmes ou à l’échec. Métaphoriquement, il coupe l’herbe sous le pied de sa progéniture avant qu’elle ne l’ait posé au sol. D’où la métaphore du parent tondeuse.

Si sur le fond, l’intention de ces parents est bonne, car elle permet d’empêcher leurs enfants d’être confrontés aux difficultés, sur la forme, elle les isole dans un mode de fonctionnement qui ne leur permet pas de prendre leurs propres décisions et de confronter à la réalité.

Résultat, en devenant adultes, ils seront pour beaucoup incapables de gérer les conflits sans une intervention extérieure pour les aider ou les défendre.

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Pourquoi les parents tondeuse ont ce comportement ?

Les parents qui agissent ainsi sont des personnes issues de générations pour qui l’échec est douloureux. Le leur mais aussi – et surtout ? – celui de leurs enfants. Transfert, réussite par procuration ?

Un parent tondeuse peut par exemple intervenir quand son enfant a une mauvaise note. Demander des explications à l’enseignant, vouloir vérifier. Pour les devoirs, il a tendance à trop en faire, parfois à la place de son enfant, ne le laissant pas faire grand-chose par lui-même. Et si cela est très visible pour la scolarité, ça se vérifie également dans tous les autres domaines de l’éducation.

Cette implication excessive dans son rôle de parent crée un contrôle permanent dans la vie de son enfant. Alors d’où vient ce besoin de surprotection ?

Un tel comportement est la plupart du temps révélateur d’une angoisse parentale (grossesse à risques et problème à l’accouchement pour les mères, anxiété, traumatisme pour le père ou la mère, maladie infantile grave de l’enfant en question ou perte d’un autre enfant).

Agir en parent tondeuse est symptomatique d’un grand besoin d’affection reporté sur l’enfant. Il est comme érigé en objet quasi-exclusif de son attachement. Cela peut être le cas dans les familles monoparentales, lorsque le seul parent présent, omniprésent et potentiellement fragilisé, donne l’impression à l’enfant d’être responsable de son équilibre.

Au final, il devient à son tour dépendant et ce double comportement de dépendance affective occasionne une angoisse de séparation. Or, ce n’est pas le rôle d’un enfant de protéger son parent.

Mais c’est aussi de plus en plus un phénomène de société. Pourquoi ? Car il y a une forte culpabilisation sur les parents. Les bons et les mauvais selon les méthodes d’éducation. On parle beaucoup de l’éducation positive mais à outrance, cela crée dont potentiellement des parents hyper présents, quitte parfois à en faire trop. Et à devenir des parents tondeuse.

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Quelles conséquences sur la relation parent-enfant ?

Les parents tondeuse se comportent à la fois comme les serviteurs et les donneurs d’ordre de leurs enfants. Pas étonnant à ce que les conséquences souvent nombreuses, et parfois contradictoires. On s’explique.

En premier lieu, les enfants, en grandissant, ne sauront pas comment agir face à une difficulté ou un obstacle puisqu’ils n’en auront pas connus. Résultat : ils risquent de paniquer et d’abandonner avant même d’essayer. Car ils n’auront pas les outils et les ressources suffisantes nécessaires pour se lancer.

Comment pourront-ils alors avancer dans la vie, progresser et devenir des adultes responsables par eux-mêmes ? On apprend tous de nos échecs, c’est à ce prix qu’on mûrit et qu’on évolue. Il faut tomber pour savoir se relever, subir des échecs pour connaître la valeur de la réussite.

Ces enfants élevés par des parents tondeuse risquent de rester au sol, de souffrir d’un manque d’autonomie, d’une faible confiance en soi et d’une baisse de l’estime de soi.

A l’inverse, ces enfants peuvent se montrer très agressifs, colériques, voire même tyranniques, ne supportant pas la frustration, le refus ou l’opposition.

Habitués à ce qu’on fasse tout pour eux, un simple non pourra être très mal vécu de leur part.

Dans tous les cas, cette attitude de surprotection est problématique et loin d’être bénéfique pour le développement de l’enfant. Cela le fait douter de ses capacités et de sa valeur. Persuadé que si ses parents font les choses à sa place, c’est qu’il en est incapable. Cela l’empêche donc d’expérimenter par lui-même, d’oser, de prendre des décisions et de se faire son propre avis.

Et donc, quand il sera plus grand et devra se débrouiller tout seul, il sera perdu, se réfugiant chez ses parents à la moindre peur ou contrariété, au moindre obstacle ou échec. On ne fait pas des enfants pour les garder toute leur vie mais bel et bien pour les laisser quitter le nid et voler de leurs propres ailes. Le rôle de parents est justement de leur apprendre à prendre leur envol.

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Les parents tondeuse : ces parents qui font plus de mal que de bien à leur enfant ?

Ces parents tondeuse pour la belle saison sont également appelés parents chasse-neige en hiver. Là aussi, la métaphore est claire. Tel cet engin hivernal, les parents chasse-neige déblayent la route qu’ils tracent eux-mêmes pour leurs enfants, jusqu’à s’être débarrassés du moindre petit obstacle.

Leurs enfants sont alors surnommés les « flocons de neige », car ils les considèrent comme des petites choses fragiles. On les traite avec beaucoup (trop) d’attention, voire même une sorte d’émerveillement. Le risque majeur ? En faire soit des enfants qui ont peur de tout et ne savent rien faire, soit des tyrans têtes brûlées qui n’ont peur de rien.

Ainsi, en élevant des enfants qui n’ont presque jamais eu à se débrouiller seuls, on crée une future génération fragile, déséquilibrée et qui ne sera pas capable de réagir face aux difficultés. Une génération pour qui l’échec est beaucoup trop douloureux, ce qui la laisse avec des mécanismes d’adaptation tels que la dépendance. Et cela ne la rendra pas heureuse.

Des parents qui empêchent leurs enfants de devenir adultes

En agissant ainsi, les parents semblent oublier que leurs enfants vont devenir des adultes à leur tour. Et que leur rôle est de les y aider. En les rendant autonomes, responsables, en leur permettant d’agir par eux-mêmes. Et en leur apprenant à surmonter un obstacle, à prendre des initiatives ou des décisions.

Alors qu’en faisant tout à leur place, en anticipant même ce qui pourrait être susceptible de les mettre face à un choix, ils les fragilisent. Un enfant dont le parent vient sans arrêt à son secours et prend toutes les décisions, va voir son estime de soi en chute libre. Evidemment, cela n’empêche pas à ces parents d’aimer tendrement leurs enfants, mais ils confondent amour et surprotection. Une telle éducation poussée à l’extrême est néfaste pour leur développement, leur confiance en soi et leur avenir.

Au lieu de préparer leur(s) enfant(s) à surmonter les difficultés, ces parents tondeuse, comme leur nom l’indique, « tondent » tous les obstacles qui se présentent sur leur chemin.

Cette génération élevée ainsi souffrira alors plus que les autres de problèmes relationnels, financiers et professionnels. Si les parents n’enseignent pas à leurs enfants à développer leurs capacités d’adaptation, comment cette génération fera-t-elle face à ses problèmes ? 

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Comment sortir de ce schéma d’éducation ?

Comment savoir quand un enfant a besoin d’aide et quand il peut se débrouiller par lui-même ?

Un parent a évidemment un rôle majeur dans la vie de son enfant. Un rôle de guide et de protecteur pour lui permettre d’explorer le monde sans avoir peur en permanence. L’important est que votre enfant sache que vous êtes là pour lui. Mais vous ne devez pas l’empêcher de faire ses apprentissages par lui-même ou ses propres expériences de vie.

“Le rôle du parent n’est pas de faire à la place de l’enfant mais de lui délivrer les clés qu’il soit apte à se débrouiller seul” selon les spécialistes.

Ce dont il a besoin, c’est de construire sa confiance en lui, de prendre conscience de sa valeur et de son individualité.

Pour y parvenir, il va falloir accepter de prendre un peu de distance au fil des années qui passent entre l’enfance, l’adolescence jusqu’à ce qu’il entre dans l’âge adulte.

Quand l’enfant commence à manifester ses capacités, son besoin et son envie d’autonomie, le rôle du parent est de prendre conscience de cette évolution et ainsi de lâcher son emprise. Ou si vous préférez, d’accepter de lui lâcher la main et de le laisser marcher seul sur son propre chemin. A partir du moment où vous êtes là pour votre enfant, il le sait et saura revenir vers vous en vrai cas de besoin.

Il n’y a pas de recette miracle pour apprendre à être parents. On le sait, « être parent est le métier le plus compliqué au monde. » L’éducation est une affaire permanente d’ajustements, de dosage, d’équilibre à trouver. Cela évolue avec les années, en fonction de l’âge de chaque enfant. Mais ce qui est certain, c’est que ce n’est pas en faisant tout à la place de votre enfant, ni en le plaçant « sous cloche » que vous en ferez un futur adulte épanoui, bien dans sa peau et prêt à affronter le monde.

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