Ceci est l’histoire d’une internaute qui a souhaité rester anonyme. Elle a souhaité partager ces différents textes qu’elle a écrits et qui l’ont aidée à se reconstruire et à avancer. Elle espère aider d’autres personnes en les partageant ♥
Il était une fois….
Mon histoire est semblable à d’autres, mais personnelle à la fois.
Elle a commencé comme beaucoup, par : « il était une fois un prince plutôt charmant. » Une histoire d’amour banale à priori qui pourtant marquera ma vie à tout jamais.
Lorsqu’il est entré dans ma vie, je vivais pour la première fois la perte d’ un être cher, ma grand-mère. Cela faisait un mois qu’elle était partie rejoindre les étoiles et me laissait un vide intense. Je perdais mes repères et la vie avait un goût amer.
Lui est arrivé, charmant et remplie de bonnes intentions. Il m’a redonné le sourire et me faisait ressentir des sensations jusqu’alors inconnu.
J’aimais sa présence, j’ aimais nos moments passés ensemble. Ma vie tournait autour de lui et du bien qu’il me procurait.
Je rêvais de projets à deux. J’étais jeune mais c’est avec lui que je voulais construire mon futur.
Au début, tout semblait se passer à merveille. Le respect, l’amour semblaient incontestables et tout ceci me rassurait.
Comme moi, il n’était pas parfait. Régulièrement il lui arrivait de mentir, mais j’avais appris à l’ excuser sans même qu’il ne me le demande.
Lorsque nous avons emménagé ensemble, les premiers conflits ont commencé.
Des désaccords comme dans chaque histoire d’amour ont fait surface, mais rien de bien méchant.
Du moins, c’est ce que je pensais avant de connaître ce retournement de situation.
Le pouvoir
Je prends le pouvoir, ou du moins il me le fait croire.
A cet instant, c’est bien moi qui mène la danse.
Pourtant, au fil des mois je m’aperçois que tout ceci n’est qu’un moyen de prendre place.
Le pouvoir ou plutôt la terreur qu’il fera régner dans mon quotidien.
En douceur, il s’est installé. Me laissant penser que je garderai toujours le contrôle.
Et finalement, sans m’en rendre compte, il a pris mes pensées, mes rêves et mes envies.
Il m’a laissé croire que la mort ne serait que ma seule échappatoire.
Il m’a enfermé dans cette cage dorée.
Moi qui pensait que rien, ni personne ne m’empêcherait de vivre cette vie pleinement.
Je me suis retrouvée emmurée.
Il a utilisé mon énergie pour alimenter la sienne.
Il m’a fait douter de tout mais surtout de moi.
Pile ou face
Il me couvre de : « je t’aime ».
Et me dit souvent que sa vie serait trop pénible sans moi.
Dans son regard, je constate que ma présence est devenue indispensable.
Je suis cette personne qu’il attendait tant.
Je suis cette fille extraordinaire, pleine de qualités dont il est chanceux d’ avoir fait la rencontre.
Pourtant quelques secondes suffisent pour que je devienne cette « putain ».
Cette personne insupportable qui lui fait mener la vie dure.
Cette fille qui ne mérite aucun regard.
Celle qui doit obéissance comme un chien en laisse.
Et surtout, celle que l’on peut humilier sans scrupule.
Les cadeaux.
Aujourd’hui, il m’a offert un collier. Je crois qu’il a oublié la laisse.
Avec lui, chaque cadeau a un but bien précis.
Il y a ceux qu’il offre pour se faire pardonner, pour me faire oublier ses gestes et ses paroles déplacées.
Mais il y a également ceux qui lui permettent de comparer ses actions aux miennes qui sont mauvaises. Il offre pour se donner de la valeur, pour prouver au monde entier qu’il est quelqu’un de bien.
Et puis, les cadeaux du chantage, ceux qu’il reprend à sa guise.
Il s’en sert pour se donner de la force supplémentaire.
Il les offre, puis les reprend comme lorsque l’on punit un enfant d’avoir mal agi.
Repas de fête
Ce soir, c’est jour de fête ! Le repas est prêt.
Les petits fours sur la table et mon dessert préféré dans le coin de la cuisine.
Il doit avoir des choses à se faire pardonner ou peut être pour les excuses qu’il n’a jamais faites.
Au fil du repas, je sens qu’il attend un remerciement. Mais quel remerciement ?
Je prie pour que ce calme dure le plus longtemps possible.
Et pourtant, à ce moment, je comprends bien vite que tout se paie dans la vie.
Que l’on a rien sans rien, surtout avec lui.
Il pense déjà à notre fin de soirée, à ce moment où nous allons rejoindre notre lit.
Alors pour profiter de ce calme qui devient de plus en plus rare.
Je lui donnerai ce qu’il attend, cette chose qu’on appelle l’amour.
Joyeux Anniversaire !
Aujourd’hui, je fête mon anniversaire.
La vingtaine et toute la vie devant moi.
Mes amis sont prêts à faire la fête !
Allons danser et s’enivrer comme si rien ne pouvait nous retenir.
Lui n’est pas bien loin.
Il pose son regard sur moi et ses yeux me disent de ne pas mal agir.
Je pense qu’il n’a pas très envie que cette soirée me soit entièrement consacrée.
Et puis un mot, une phrase de trop, avant que la colère se déchaîne.
Je suis assise dans un coin de la salle lorsque je le vois arriver avec élan.
Je ressens bien vite les coups de poing, les claques et les coups de pied.
Mes amis ne sont pas bien loin, j’entends des cris et des pleurs.
Je reste immobile, incapable de bouger en attendant que tout ceci cesse.
Une dernière claque avant de prendre la fuite.
A cet instant précis, mon corps s’est déplacé d’un quart de tour.
Pourquoi pardonner ?
Ce soir, je rentrerai chez moi, bien décidée à ne plus pardonner.
A ne plus faire semblant.
J ‘appréhende ce retour.
Que m’arrivera-t-il lorsque je franchirai cette porte ?
Lui fume une cigarette au bord de la fenêtre.
Son regard n’est pas agressif, il semble avoir calmé sa colère.
Je ne ressens plus cette haine qui le possédait la veille.
Je me fais discrète et ce tête à tête me paralyse.
Il s’excuse et implore mon pardon.
Selon lui, cet acte n’est qu’une erreur de parcours et ne se reproduira plus.
De mon côté, je reste sur ma position. Notre histoire est bien sans retour.
Je suis certaine que ces pleurs ne me feront pas céder.
Pourtant, je vois progressivement la colère monter en lui.
Il jette au sol plusieurs objets.
Je sens la peur m’envahir et ne maîtrise plus rien.
Je ne reconnais plus cette personne qui partage ma vie.
Mais ce soir, la peur au ventre, je pardonnerai…
Jugez moi coupable !
Sous la menace, sous la contrainte, la vie a un goût amer.
Tout semble se perdre dans ma tête.
Partir ou rester ?
Aucunes solutions favorables ne s’offrent à moi.
Mon esprit s’égare et le vide ne me permet plus de réfléchir par moi-même.
On me dicte mes mots, mes gestes et ma façon de me tenir.
Rien de tout ceci ne semble m’appartenir.
J’espère me réveiller de ce mauvais rêve. Et chaque jour, je survis à cet enfer.
Je tente d’avancer, et garde la tête haute. Comme pour ne pas éveiller les soupçons.
Pourtant, ses menaces me laissent penser que la mort reste la seule issue.
Je ne céderai pas !
Je suis fatiguée ce soir.
Je n’attends qu’une chose, m’allonger et me remettre à rêver.
Lui n’a pas envie de dormir maintenant.
Rapidement, ces gestes deviennent insistants.
Je comprends mieux pourquoi il était pressé que je le rejoigne.
Mais ce soir, la fatigue ne me fera pas céder à ses avances.
Je me retourne et lui signifie mon non-vouloir.
Il commence par des mots et des gestes tendres.
Mais comprends bien vite que mon refus est incontestable.
Alors les insultes et les reproches pleuvent.
Je deviens de trop dans ce lit, il me pousse et exige que je parte.
Ce soir, ce sera : canapé sans couverture ni oreillers.
Il n’est pas vraiment confortable mais au moins j’aurai la paix.
Du moins, je l’espère.
Après quelques minutes, lui se relève pour décharger sa haine. Il me déteste tant.
Je vois la colère et la rage dans ses yeux.
Lui n’est pas fatigué, alors je n’ai pas à l’être.
Cette nuit sera rythmée de menaces et de reproches.
Mon canapé.
Mon canapé est noir, simple et sans fioriture.
Tout comme moi, il a supporté ses excès.
Il m’a ouvert les bras quand lui ne voulait pas de moi.
Il a reçu ses coups et ses injures.
Pourtant, il n’a jamais cédé à la force de sa colère.
Je me suis souvent blottie à ses côtés.
Cet objet est devenu le seul endroit où je retrouvais le calme avant la tempête.
Il a été sali par sa rage, lui au sens propre et moi au figurée.
A table !
Ce soir, je suis de “planning cuisine”.
Je ne peux pas dire que le repas a été préparé avec amour.
Lui n’a plus qu’à mettre les pieds sous la table.
Mais sa bonne humeur ne fera pas partie du dîner.
Je paie le loyer et lui les courses.
Alors si il a une dent contre moi, ce sera interdiction de toucher aux provisions.
Ce soir, c’est comme dans le règne animal.
Le mâle se servira en premier.
Il a jugé que les quantités cuisinées n’étaient pas suffisantes.
Alors pour ne pas être affamé.
Il prendra mon assiette à moitié remplie et la versera dans la sienne.
Je crois que la femelle est habituée à se sacrifier dans le règne animal.
Ce corps n’est plus le mien.
Je suis allongée, enveloppée de vêtements qui j’espère me protégeront de lui.
Je sens la chaleur de son corps à travers toute cette protection.
J’attends en souhaitant que son désir et ses envies s’estompent.
Je lève les yeux au ciel et me demande quand tout ceci va cesser.
Son attitude devient de plus en plus pressante.
Cette fois, il me paraît évident que si je refuse à nouveaux ;
Une nouvelle vague de colère s’acharnera sur moi.
Sa voix s’élève et les gestes sont brusques.
Alors pour ne pas affronter une énième crise,
Je me dévêtis de cette couche de vêtement.
Et lui donne avec retenue, ce corps qui l’attire tant.
Ce corps qui ne semble plus vraiment m’appartenir.
Je sens ma respiration s’accélérer et vois défiler chaque seconde.
J’attends la fin de ce moment et peine à retrouver mon souffle.
Je me sens comme anesthésiée.
Et puis, la vie reprend son cours.
Alors je prends conscience que ce corps n’est plus le mien.
Jusqu’où ?
Son regard en dit long sur la soirée qu’il me fera passer.
Ma présence semble l’agacer.
Il me compare à ces filles qui collectionnent des amants à la télévision.
Il me reproche ma froideur et mes agissements.
Je reste de marbre.
J’ai longtemps tenté de crier plus fort que lui.
Mais à présent, un mot suffit pour déclencher une nouvelle bataille.
Lui continue de remplir son verre d’alcool.
La bouteille se vide progressivement et son agacement ne cesse de grandir.
Il écrase son mégot de cigarettes à même le sol.
Je suis seule face à lui et n’arrive plus à réfléchir.
Je décide de vider le restant de cette bouteille dans l’évier.
C’est alors, emporté par une rage folle, qu’il se jette sur moi.
Et frappe chaque endroit de mon corps.
Puis les coups s’arrêtent, lui s’éloigne avant de revenir comme une bête folle.
Il attrape mes cheveux et colle son visage au mien. Va-t-il me tuer ?
Je reste immobile en me demandant si cette soirée sera belle et bien la dernière.
Les secondes passent et ses pulsions de meurtre s’estompent.
Ce n’est pas de l’amour !
On dit que dans chaque histoire d’amour, il y a des hauts et des bas.
Est ce normal que je connaisse plus de bas ?
J’ai longtemps pensé qu’il m’aimait trop.
Que son amour était tellement intense, qu’il n’arrivait pas à le contrôler correctement.
Jusqu’au jour, où j’ai compris que l’amour n’était pas synonyme de : Possession et d’emprise, de chantage et de menace.
Mais lorsque cet univers malsain s’est installé, je me suis retrouvée enchaînée et prisonnière.
Je vivais avec l’ennemi et le départ devait être irréprochable.
Il fallait l’anticiper sans laisser d’indices.
Instinct de survie.
Il a voulu prendre mon rire, mes pensées et mes rêves. Il a pris bien plus qu’il n’aurait dû, bien plus que ce que j’ai accepté de donner.
En me laissant bercer par ses mots et ses actions, je me suis mentis à moi-même.
Il a pris sans mon accord, ce qui m’appartenait.
Je suis arrivée à un point de non retour. Il n’était pas question de vivre mais de survivre.
Lorsque la violence des mots ne suffisait plus à me retenir.
Il a utilisé la violence du corps. Les menaces et les insultes résonnaient dans ma tête.
Mais l’impact de tout ceci s’amoindrissait de jours en jours.
Alors pour être en accord avec ses menaces, il les mettait à exécution.
Comme pour signifier et prouver que tout pouvait arriver, qu’à tout moment, la bombe pouvait exploser.
Les excuses et les cadeaux sont de moins en moins présents, et la terreur rythme de plus en plus mon quotidien.
Je sais que la fin sera tragique, si je ne prends pas cette porte de secours qui n’est autre que la fuite.
Pourtant, tellement de doutes et de questions m’envahissent.
Suis-je encore capable d’affronter cette dernière guerre.
Lui qui a pris une partie de moi,
M’a-t-il laissé cette force ultime de lui faire face une dernière fois.
Et l’empêcher de tout détruire en moi.
Au revoir !
Ce soir, je ne le quitterai pas.
Je ne tenterai pas de mettre un terme à notre histoire comme je l’ai si souvent fait.
Je lui signifierai que mon départ sera anticipé et que ma fuite sera bien ficelée.
Ce soir, je lui dirai que mon amour est bien parti, mais que si je dois continuer à faire semblant. Cela ne changera pas mes habitudes.
Lui ne comprend pas ce retournement de situation et implore mon pardon.
Et si nous recommencions tout depuis le début ? Comme un nouveau départ, comme si rien n’avait eu lieu.
Je reste stoïque, insensible à ses mots, et lui demande simplement de rentrer à la maison.
Pourtant ce soir, il ne franchira pas cette porte et cette dernière gifle clôturera définitivement notre histoire.
Et si le temps guérissait les blessures ?
Quand nous nous sommes séparés, je suis passée par différents stades.
Dans un premier temps, il y a eu la peur. Celle qui te paralyse et te laisse prisonnière.
Cette fâcheuse impression de l’avoir toujours à mes côtés.
Ce sentiment, qu’à tout moment un mot pourrait déclencher sa colère.
Cette crainte de représailles et de vengeance.
Un second combat s’offre à moi mais cette fois, qui de nous deux le gagnera ?
Et puis, il y a la colère.
Cela parait tellement simple, qu’il puisse s’en tirer comme ça.
Comme si rien ne s’était passé.
On dit souvent que la roue tourne.
Pourtant à ce moment, je n’ai qu’une envie la faire tourner pour lui.
Et lui rendre tout ce mal qu’il a fait.
Finalement, avec le temps, la peur, la colère et l’incompréhension s’estompent.
Mais les souvenirs restent bloqués dans un coin de ma tête.
Je les repasse en boucle comme si je refusais de les oublier.
Alors, je patiente, et me dit qu’un jour, je gagnerai ce combat en ignorant tout de lui.
Imposture
Il m’arrive souvent de repenser à cette histoire.
A cette rencontre qui a fait de moi, la femme que je suis.
Je me souviens encore de ces instants où l’espoir était encore possible.
Et puis, je me rappelle de cette chute brutale.
Il est certain que les signes étaient avant coureur et que tout semblait prévisible.
Pourtant, j’ai fermé les yeux et rêvé à cette histoire que j’aurai aimé vivre.
J’ai donné, sans recevoir en retour.
Moi qui pensait ne jamais pouvoir être aimé par quelqu’un d’autre.
Je me suis laissée prendre au piège par ses paroles et ses mensonges.
Plus les mois passaient,
Et plus je me rendais compte que cette histoire n’était qu’imposture.
J’ai pardonné ces mots et ces coups pour avoir la paix quelques instants.
J’ai réfléchi aux issues de secours qui s’offraient à moi.
Mais tout ces faux départs me donnaient l’impression,
Que cette union durerait jusqu’à la mort.
Jusqu’à ce jour où j’ai fermé pour la dernière fois la porte de cet appartement.
Pourquoi ?
Dans ces textes, je parle de mon histoire, du phénomène d’emprise et des différents types de violences qui peuvent exister au sein d’un couple.
J’ai longtemps eu le besoin de devoir me justifier et d’expliquer pourquoi j’ai mis tout ce temps avant de prendre la fuite. A plusieurs reprises, je me suis demandée si j’avais une quelconque responsabilité dans cette histoire. Peut-être et qu’importe !
J’ai culpabilisé de ne pas avoir vu venir cette chute brutale mais aussi de ne pas avoir su me protéger.
Pour écrire ces textes, j’ai dû reprendre mon histoire depuis le début, comme annoncé dans le titre. Je me suis remémorée les bons comme les mauvais moments.
Et j’ai compris que tous ces souvenirs agréables, tous ces moments partagés ont fait naître beaucoup de confusion en moi. Je me suis rattachée à tout cela pour lui laisser de multiples chances de me reconquérir.
Et même s’ il était compliqué de vivre au quotidien avec une personne qui peut être ange ou démon. J’avais envie de croire que tout pourrait recommencer depuis le début en oubliant les mauvais moments. Parce que je savais que cette personne qui partageait ma vie pouvait être capable du pire comme du meilleur.
Le titre de cette histoire n’est pas anodin puisqu’il s’agit d’ une des dernières phrases qu’il a prononcées. Et parfois, je me demande si je serai encore vivante, si j’avais accepté ce nouveau départ.
