Histoire d’amour : coup de foudre adolescent en Espagne

Dites-le avec une lettre

Il y a des choses qu'on aimerait pouvoir écrire... Mais on ne sait pas toujours par où commencer, comment trouver les bons mots, véhiculer la bonne intention. Aujourd'hui, on vous aide à vous lancer et envoyer la lettre parfaite:

J’avais 14 ans. C’est sans doute beaucoup trop jeune pour parler d’amour. Aujourd’hui je m’en rends compte. Mais à cet âge-là, on vit les premiers émois du cœur et ils prennent beaucoup de place. Toute la place. Et puis peut-on vraiment parler d’une histoire d’amour dans le cas présent ? Peut-être que non. Mais dans mon cœur de jeune fille, il s’est passé quelque chose. Une chose que je ne connaissais pas, que je n’avais jamais ressenti. Une évidence sur l’instant. De celles qui vous font dire que vous êtes au bon endroit, au bon moment. Et que tout l’univers a conspiré pour vous mettre sur le même chemin que lui. Qu’il vous a fait ce cadeau. Et toutes ces années après, je me dis que cela a forcément eu une signification, une importance pour que j’en garde une empreinte encore en moi, pour que ma mémoire me réveille ces quelques souvenirs. Histoire d’amour : coup de foudre adolescent en Espagne.

Histoire d’amour : coup de foudre adolescent en Espagne

« J’avais 14 ans. Avec ma classe nous partions en voyage culturel et linguistique pour une semaine en Espagne. Avec la ville de Salamanque comme point d’ancrage et plein de visites prévues dans les villes alentour. Dont celle d’Avila. Ta ville. Nous étions logés chez des familles à plusieurs. Nous avons découvert un nouveau pays, une nouvelle langue et une nouvelle liberté avec ces « quartiers libres » d’autonomie chaque jour.

Quand on est adolescent c’est synonyme d’aventures. C’est magique. Le champ des possibles s’ouvre. Notre horizon s’élargit. Le mien s’est élargi pour arriver jusqu’à toi. Quelques jours après notre arrivée, nous avons pris le bus pour découvrir Avila. Visite guidée puis quartier libre.

Nous nous envolons par petits groupes dans les rues historiques de la ville tels des moineaux. Impatients. Guillerets. Joyeux. Insouciants. Il fait beau, la ville est pleine de charme, les gens sont accueillants. On s’installe près d’un pont en pierre. Que des filles. On ne se rendra compte qu’une fois assises que nous ne sommes pas seules. A quelques mètres de nous, un groupe de garçons. Adolescents comme nous. D’ici. Enfin de là-bas…

Et au milieu d’eux. Toi. Si brun. Beau. Ténébreux. Si ensorcelant.

Moi si blonde. Gauche. Timide. Si ensorcelée. Déjà.

Il aura suffi d’un regard. D’un sourire. Pour que je comprenne le sens de cette expression vieille comme le monde. Avoir le coup de foudre.

Je suis incapable de me l’expliquer autrement. Tu m’as regardée, tu m’as souri et plus rien n’existait autour de moi. La discussion avec mes amies était devenue un brouhaha incohérent à mes oreilles. J’étais avec elles mais ma bulle m’avait emporté vers toi. Hypnotisée par ton regard, il m’était impossible de détacher mes yeux des tiens. 

Tes amis comme les miennes ont remarqué notre petit manège. Tu t’es fait charrier en espagnol, moi j’ai rougi en français… Je ne comprenais pas ce qui se passait en moi.

Et puis à quoi bon ? Il allait falloir repartir dans quelques heures à peine… Mais je ne voulais pas y penser. Tu es venu vers moi avec ton groupe. Tous gênés d’abord nous avons fini par nous comprendre dans un espagnol approximatif teinté de français et de mots de secours en anglais. Vous avez proposé de nous faire visiter. Chez vous c’était les vacances. On a accepté. Nous avons passé les heures suivantes à marcher un peu en retrait des autres, à se parler plus avec les yeux qu’avec des mots. À nous effleurer la main et nous sourire.

C’était électrique. C’était magique. Un vrai coup de foudre. Réciproque. 

Les heures défilaient et je ne voulais pas partir. Je crois même que dans ma tête j’échafaudais des plans et des scénarios improbables pour rester. Une panne de bus, une fugue, que sais-je… J’étais ailleurs… 

Et puis ça a été l’heure de partir. C’était impossible de se quitter. Alors vous nous avez raccompagnées au bus. On était en retard. Je me rappelle de la prof d’espagnol qui commençait à s’affoler. Tout le monde nous attendait à l’intérieur. Et notre arrivée n’était pas discrète alors on a inventé un mensonge digne de notre âge. On s’était perdues et on était tombées sur ce groupe de lycéens espagnols qui avaient eu la gentillesse de nous ramener à bon port.

C’est passé. Ou presque. Je me rappelle encore du sourire de ma prof quand elle t’a vu me prendre par la main pour nous isoler une dernière minute.

Que se dire ? On ne se connaissait pas, on peinait à se comprendre, je n’allais pas revenir à Avila d’ici mon départ et toi tu n’allais pas venir à Salamanque. Et encore moins en France.

On vivait à plus de 1 000 kilomètres. On n’était pas majeurs. Trop jeunes, on était insouciants certes mais pas libres de vivre ce coup de foudre. De le laisser éclore.

Mais on n’arrivait pas à se quitter. Jusqu’au coup de klaxon. Moi qui détestais me faire remarquer. Alors très vite tu as pris mon stylo et un bout de papier, tu y as griffonné quelques mots et tu l’as mis dans ma main.

Et tout doucement, à peine en un effleurement, tes lèvres se sont posées sur les miennes. C’était déjà fini. J’ai dû monter dans ce bus. Tu as attendu jusqu’au bout de ne plus le voir pour tourner les talons et rejoindre tes amis.

Dans le bus il passait une chanson que j’écoutais en boucle à cette époque. La Solitudine de Laura Pausini. Mais en version espagnole, La Soledad. De quoi me mettre le cafard.

Depuis, cette chanson est dans le tiroir à souvenirs de ma mémoire. Depuis toutes ces années pour moi, Laura Pausini c’est ce voyage scolaire en Espagne, c’est cette ville où je ne suis hélas jamais retournée. C’est mon premier coup de foudre, c’est toi.

Toi que je ne connaissais pas mais dont je suis tombée amoureuse en une minute comme on tombe amoureuse à 14 ans. Toi dont j’ai rêvé des nuits entières. Qui m’as fait découvrir l’éveil des sens et des émotions, et la mélancolie. Tu as été le premier à me regarder comme si j’étais vraiment belle. Vraiment à part. Toi grâce à qui je n’ai jamais arrêté de rêver et d’oser le romantisme.

J’ai ouvert le papier que tu m’avais glissé dans la main. Tu y avais dessiné un cœur à la fin d’une phrase en espagnol.

« Este momento juntos fue un momento fuera del tiempo. » Cela veut dire  : ce moment ensemble, c’était un moment hors du temps.

Tu t’appelais Fernando. »

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