Existe-t-il des personnes sans sentiments ?

Dites-le avec une lettre

Il y a des choses qu'on aimerait pouvoir écrire... Mais on ne sait pas toujours par où commencer, comment trouver les bons mots, véhiculer la bonne intention. Aujourd'hui, on vous aide à vous lancer et envoyer la lettre parfaite:

Est-il possible de ne pas aimer ? Personne, jamais ? De ne pas vouloir tomber amoureux, ou de ne pas pouvoir ? De ne rien ressentir de plus que du désir pour quelqu’un ? Et même en dehors de sa vie sentimentale, de ne pas éprouver d’amour ou d’affection pour sa famille et ses amis ? Certaines personnes sont si froides et semblent manquer tellement d’empathie qu’on en vient à douter de leur capacité à aimer. Que ressentent-elles ? Existe-t-il des personnes sans sentiments ? Est-il possible de ne rien ressentir ? Doit-on parler alors d’une incapacité ou plutôt d’un refus d’aimer, d’un détachement total, d’égocentrisme ? Qu’est-ce que cela cache ?

Existe-t-il des personnes sans sentiments ?

Y a-t-il des gens plus aptes à aimer que d’autres ?

Nous ne pouvons donner que ce que nous possédons. Un enfant qui a été mal aimé ou a reçu peu d’amour aura plus de mal à s’aimer, et du coup à aimer les autres de manière juste. Il n’y a pas d’inégalité génétique face à l’amour, mais une grande inégalité à travers l’environnement familial qui marque en profondeur notre manière d’aimer. Mais cette capacité d’aimer n’est pas totalement altérée par les blessures d’amour de la petite enfance. Un chemin de résilience et de guérison du cœur est toujours possible. Tout dépend de la construction de soi qui se fait en devenant adulte, et du mode de fonctionnement mis en place dans ces interactions aux autres.

L’amour de soi peut-il remplacer l’amour de l’autre ?

Il existe un lien profond entre amour de soi et amour des autres. Une personne qui ne s’aime pas aura beaucoup de mal à aimer autrui. Mais à l’inverse une personne qui s’aime de manière narcissique aura du mal à se décentrer et à aimer les autres autrement que pour satisfaire ses besoins.

Des interactions négatives et des rapports de force

Les personnes capables de nuire aux autres d’une manière ou d’une autre, physiquement ou psychologiquement, sont-elles totalement dépourvues d’émotions ?

Quand on y pense ainsi, on se dit que oui. Menteurs, manipulateurs, pervers narcissiques, personnes violentes… Leurs comportements incompatibles avec le moindre sentiment semblent vouloir dire qu’elles ne ressentent rien de positif pour les autres. Elles ne semblent pourvues que d’émotions négatives de haine, colère, rage, méchanceté ou, au mieux, d’indifférence.

Des personnes dites antisociales

Les principales caractéristiques des personnes concernées sont généralement les suivantes :

  • Incapables de créer des liens émotionnels forts
  • Motivées par des fins instrumentales : elles cherchent à éprouver des sensations et à obtenir ce qu’elles veulent.
  • Sans aucune empathie affective : elles ne se connectent pas émotionnellement avec les autres, elles trompent et manipulent alors plus facilement.

Lire aussi : L’hyper empathie ou le syndrome d’usure de compassion

Existe-t-il des personnes sans sentiments : peut-on ne rien ressentir ?

Non, les personnes sans sentiments n’existent pas. Pourquoi ? Car ce sont des états psychophysiologiques qui orchestrent qui nous sommes. Ce sont eux qui facilitent nos apprentissages et nos interactions et donc, par essence, tout ce que nous sommes. Il n’existe pas de cerveau dans lequel ces processus ne sont pas présents. Notre cerveau a ce qu’on appelle un système limbique. Cette région est celle qui orchestre ce qui nous fait rire, pleurer, éprouver des émotions et des sentiments. Il n’existe pas d’êtres humains dépourvus de la capacité à éprouver des émotions.

Les émotions (réponses neurochimiques et hormonales qui provoquent des sensations en nous) et les sentiments (représentations mentales des émotions) sont des processus constants en chacun de nous. Il n’y a pas un jour ou un moment où nous ne ressentons pas quelque chose.

Les individus ne sont pas que des êtres rationnels. Nous sommes des êtres émotionnels qui raisonnent.  Tout être humain ressent, mais nous ne le faisons pas tous de la même manière. Voilà la nuance.

En effet, que ses ressentis soient présents ne signifie pas qu’ils « fonctionnent » de la bonne manière. Et pour certaines personnes, sans tomber forcément dans la manipulation, la perversité ou la totale indifférence, il y a des éléments d’explication.

Lire aussi : Qu’est-ce que la méthode EFT ou technique de libération des émotions ?

L’alexithymie, l’incapacité à ressentir des émotions

L’alexithymie a pour origine un trouble de l’apprentissage émotionnel ou une altération neurologique. Cette incapacité à ressentir certaines émotions ou cette difficulté à mettre un mot sur un ressenti est comme une anorexie des sentiments.

Les personnes alexithymiques sont incapables de comprendre leurs propres états émotionnels, de comprendre ceux des autres et de nommer ce qu’ils ressentent. Malgré cela, elles aiment et ressentent des émotions. C’est juste qu’elles les ressentent de manière déformée et sont incapables de les exprimer.

Ces personnes vous diront qu’elles vous aiment mais ne vous le montreront pas comme vous le souhaitez. Elles sont distantes, froides, taciturnes la plupart du temps.

Ce qui les résume le mieux est « Je ne sais pas ce que je ressens ».

C’est comme un court-circuit entre le corps et le cerveau, les sentiments ne passent plus.

Légitimement, on pourrait se dire que si elles n’en parlent pas, c’est qu’elles ne ressentent tout simplement rien. Mais la réalité est plus complexe. Les sensations ressenties, plus ou moins intenses, ne trouvent pas d’équivalent dans leur langage.

L’alexithymie peut prendre sa source dans l’enfance, si l’expression des émotions n’était pas valorisée ou autorisée dans la famille. Elle peut aussi apparaître après un choc émotionnel.

C’est une réaction de protection, de défense face à quelque chose qui fait peur, qui était interdit ou méconnu, oui qui a fait souffrir par le passé.

Si l’alexithymie n’est pas un trouble, ni une maladie, ce trait de personnalité se révèle handicapant pour communiquer avec les autres et avec soi-même. Et peut avoir des conséquences physiques. Les personnes plus sujettes à ce trouble de la régulation émotionnelle ont généralement des maladies somatiques et mentales. Elles peuvent être atteintes du syndrome du côlon irritable, d’anxiété, de dépression, de troubles alimentaires, de fibromyalgie ou d’addictions. Elles essaient de trouver dans ces substances extérieures le moyen de calmer leur état émotionnel. C’est ce qu’on appelle des stratégies d’évitements émotionnels. Elles sont nombreuses et différentes, mais se reconnaissent à la compulsion.

Mais ne rien ressentir pour ne plus souffrir n’est pas un mécanisme sain Il permet de « survivre », mais on reste vide à l’intérieur.

Lire aussi : L’alimentation émotionnelle : cette nourriture qui comble le vide

Existe-t-il des personnes sans sentiments amoureux ?

Autre question : est-il possible d’éprouver des émotions et des sentiments pour soi, sa famille, ses amis, face à un paysage, une scène de film, par exemple mais rien de tel dans une relation dite amoureuse ? Ou ne s’agit-il alors que de sensations ?

Certaines personnes, comme on vient de le voir, semblent incapables de ressentir ou en tout cas de montrer ce qu’elles ressentent. L’alexithymie les en empêche, elles sont comme bloquées. Mais pour d’autres, ce blocage n’est-il pas exclusivement du domaine amoureux ?

Les aromantiques, ces personnes qui ne connaissent pas l’état amoureux

Pas de papillons dans le ventre, pas de coup de foudre, pas de « je t’aime ». Les aromantiques ne sont en fait jamais tombés amoureux. Pour autant, ils peuvent tout à fait être en couple puisque l’orientation romantique est dissociée du désir. Mais ils ne seront pas démonstratifs et comme indifférents à ce qui fait la plupart du langage amoureux (attentions, câlins,).

L’aromantisme n’est pas quelque chose de voulu, de choisi, on est comme ça, c’est un état « naturel ».

Il ne faut pour autant pas confondre l’as.e.xualité (le fait de ne pas avoir de désir pour une personne) avec l’aromantisme. Cela n’a rien à voir. Les aromantiques ne sont pas des robots dénués de tout sentiment Une personne aromantique peut être attirée par quelqu’un et ne manque pas d’empathie. Si elle ne connait pas le sentiment amoureux, elle éprouve d’autres émotions.

Quelques critères qui peuvent définir une personne aromantique :

  • Elle s’engage dans une relation amoureuse par peur de la solitude ou par attirance physique sans éprouver de sentiments
  • Son bonheur ne dépend pas du fait d’être en couple ou célibataire
  • Elle n’est jamais tombée amoureuse.
  • Les manifestations d’affection (baisers, câlins) la mettent mal à l’aise

Existe-t-il des personnes sans sentiments : ne pas confondre sentiments et sentiments amoureux

On peut être autonome « amoureusement », autrement dit vivre un célibat heureux, mais on ne peut pas se passer de relations affectives.

La famille, l’amitié, la vie sociale, la vie spirituelle :  l’être humain est un être de communion. Il a besoin d’amour pour s’épanouir, mais cet amour ne se concrétise pas nécessairement dans une relation amoureuse.

Si la plupart des hommes et des femmes ont besoin d’être amoureux pour s’épanouir, d’autres ressentent moins ce besoin et d’épanouissent dans une vie de célibataire. D’autres encore le transcende totalement par une vie spirituelle notamment.

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1 réflexion au sujet de « Existe-t-il des personnes sans sentiments ? »

  1. Alors, pour ce qui est de l’aromantisme, je suis assez bien placé pour le savoir, peut-être que la peur de la solitude ou le désir physique sont des motivations pour certain(e)s. Mais c’est pas une généralité non plus. Pour ma part, je n’ai aucune crainte de la solitude, c’est même souvent une agréable compagne. C’est plutôt que je ne renonce pas à une agréable compagnie si la situation se présente, du moment que cette relation puisse être enrichissante et que les modalités de cette relation puissent être convenues d’un commun accord. L’aromantisme c’est surtout qu’il existe plusieurs chemins pour arriver à la même destination. Des voies de traverses souvent méprisées par la doxa dominante, mais qui peuvent aussi être un meilleur itinéraire vers des relations plus épanouies.

    D’autre part, « sans éprouver de sentiment », c’est un peu péremptoire et réducteur. Ne pas éprouver de sentiment amoureux tel que défini par la vision assez restrictive du romantisme, ça ne veut pas dire non plus qu’on ne puisse pas ressentir et éprouver un attachement particulier envers une personne, une attirance aussi bien physique qu' »intellectuelle » et autres. Ça serait plutôt comme une impossibilité d’exprimer de manière extraverties ses sentiments. 🙂

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