Qu’est-ce que le féminisme ?
Rappelons tout d’abord ce qu’est le féminisme car j’ai la sensation que ce n’est pas encore bien clair pour tout le monde. Le féminisme est un ensemble de mouvements et d’idées politiques et sociales. Ces mouvements ont un même objectif : obtenir l’égalité (qu’elle soit politique, sociale, économique ou culturelle) entre les hommes et les femmes.
Le féminisme, c’est aussi et d’abord une prise de conscience individuelle, une manière d’être et d’agir.
Le féminisme lute contre le patriarcat, pour l’égalité entre les hommes et les femmes, pour la fin de la discrimination envers les femmes (…).
Pour la Table de concertation de Laval en condition féminine, être féministe c’est :
Croire d’abord et avant tout en l’égalité des femmes et des hommes
Reconnaître la capacité des femmes à déterminer leurs luttes et à contribuer à leur émancipation.
Agir collectivement pour que cesse toute situation de discrimination envers les femmes.
« Je suis anti-féministes »
A moins de n’être vraiment pas avertie ou d’être contre les droits des femmes, je ne vois pas comment il est possible de clamer ce type de phrases : « je déteste les féministes » « je ne serai jamais féministe ». Vous êtes anti-féministes ? Donc vous êtes pour les viols ? Pour les mariages forcés qui ont encore lieu dans certains pays ? Vous êtes pour le harcèlement de rue ? Non, je sais bien que ce n’est pas ça.
Le problème vient, à mon sens, de la méconnaissance du sujet (que je ne maîtrise pas entièrement moi-même) et du fait que le féminisme est un mouvement très divisé. Il existe en effet des féministes radicales, modérées, musulmanes, catholiques… Le problème vient aussi, toujours à mon sens, que certaines féministes ne supportent pas cette méconnaissance du sujet chez les autres et se mettent à critiquer, à insulter (comme certaines l’on fait dans des commentaires sur le site) au lieu d’expliquer. Alors, je comprends, elles n’ont pas que ça à faire, elles ne sont pas là pour enseigner mais on ne peut pas en vouloir aux gens pour leur ignorance. En tous cas, moi, je ne leur en veux pas.
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Entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle, les « anti-féminisme » étaient plutôt des femmes catholiques qui défendaient l’image de la femme et de l’épouse dévouée, comme l’explique Sylvie Chaperon. Aujourd’hui, certaines femmes osent dire que l’égalité est désormais atteinte, en oubliant que le progrès a eu lieu justement grâce aux féministes et que le chemin vers l’égalité est encore long. Sylvia Chaperon explique également qu’accepter le féminisme, c’est accepter l’idée qu’on est dominée. On peut donc comprendre qu’inconsciemment certaines femmes n’acceptent pas ce constat ou ne se sentent pas concernées. Souvent, ce sont les jeunes femmes qui rejettent le féminisme car elles n’ont pas encore conscience des écarts pourtant évidents entre les hommes et les femmes.
Rappel de quelques inégalités
16,4%
L’écart de salaire entre les hommes et les femmes était de 16,4% en 2013 dans l’Union européenne, selon les chiffres de l’office européen de statistiques Eurostat. Avec l’Estonie en tête (29,9% d’écart, suivie par l’Autriche (23%)…et la Croatie avec l’écart le plus faible (7,4%).
15,2%
L’écart de salaire entre les hommes et les femmes en France était de 15,2% , en 2013. L’écart salarial, ajusté, « tombe » à 6,3%, et devient le plus élevé en comparaison avec l’Allemagne, l’Australie, le Royaume-Unis et les Etats-Unis d’après Glassdoor !
94 %
94% des femmes ont déjà été victimes de violences sexistes dans les transports, d’après Osez le féminisme.
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Une tous les trois jours
En France, tous les trois jours, une femmes meurt en France sous les coups de son compagnon.
130 millions
130 millions de filles ont été victimes de mutilation génitale.
Plusieurs « types » de féminismes
Une chose est sûre, nous nous battons toutes pour les droits des femmes et l’égalité entre les hommes et les femmes. Pourtant, des variations, et non des moindres, existent !
Le féminisme essentialiste :
Pour les féministes essentialistes, il existe une « essence » masculine ou féminine. Notamment défendu par Antoinette Fouque, ce courant proclame le droit à la différence et « prétend à une utilisation harmonieuse des compétences féminines dans la complémentarité des deux sexes pour le plus grand bien de la société« .
Le courant constructionniste :
Ce courant était celui de Simone de Beauvoir qui proclamait le droit à l’égalité. « On ne naît pas femme, on le devient ». Pour les constructionnistes, on ne peut remettre la faute sur la différence biologique, les différences de comportement et la domination des hommes sur les femmes ne pourraient venir de là. Ces différences de comportements seraient le résultat d’une culture intégrée. Si vous en avez l’occasion, regardez le documentaire « Miss representation » (même si certaines le trouveront trop « ciscentré »), je l’ai trouvé très intéressant. Par exemple, aux USA, quand on demande à des gamins (filles ou garçons) ce qu’ils veulent faire plus tard, la majorité répond « Président », quand on leur repose la question à 15 ans, un pourcentage minable (2 ou 3%) des filles répondent « présidentes ». Ce courant est plus tourné vers le droit.
Il existe également le féminisme radical, défini ainsi par Wikipedia est « un courant du féminisme qui considère qu’il existe une oppression spécifique des femmes au bénéfice des hommes, résultant avant toute autre cause du patriarcat, et qui se donne pour objectif de l’abolir. Il dénonce la naturalisation du rôle social des femmes. Montrer que l’oppression des femmes est socialement construite est dans la perspective des féministes radicales la première étape pour lutter contre elle« .
Le féminisme intersectionnel :
C’est l’idée d’intégrer les différences entre les femmes. Ce courant permet d’aller au-delà de la notion même de féminisme. Pour les féministes intersectionnelles, si l’on reconnaît le fait de l’oppression des femmes et qu’on souhaite le combattre, il faut alors combattre toutes les formes d’oppression. Ainsi, les féministes se doivent également de lutter contre contre les discriminations, contre les minorités de tous genres.
Il en existe d’autres encore, j’ai entendu le « féminisme écolo », le « féminisme anti essentialiste » ou « universaliste » qui se rapprochent pour moi du « constructionniste ». Je n’ai peut-être, et sûrement, pas encore saisi toutes les nuances. Mais j’apprends. Et il est possible que je fasse des erreurs !
Le féminisme : un gros mot !
Alors qu’il devrait être un GRAND mot, aujourd’hui dire « tu es féministe » reviendrait presque à dire ou à entendre « tu te laisses pousser les poils sous les bras » ou « tu as décidé de ne plus jamais porter de talons ni de jupes » ou « tu essayes de m’engrainer dans une cause qui n’est pas la mienne », ou « tu es une emmerdeuse » ou « tu ne vas plus jamais repasser de ta vie » WHAT ?
Mais, quand on veut rendre le terme « Mainstream », on se prend aussi des baffes.
Que faire alors ?
Le point qui revient souvent dans la bouche des féministes est d’abord de s’entraider entre femmes, le problème c’est que l’inverse se produit. Cercle vicieux : beaucoup de femmes pensent qu’aujourd’hui, être féministe, c’est agir comme le mouvement des Chiennes de garde, très médiatisées (puisque c’est leur sphère d’action) et radicales, tout comme les FEMEN et d’autres groupes plutôt extrémistes. Ces groupes connus et montrés partout dans les médias font peur aux hommes, certes, mais aussi à de nombreuses femmes qui ne se reconnaissent pas et se disent, du coup, « anti-féministes ».
Enfin, être féminisme, ce n’est pas être CONTRE les hommes ! Les féminismes (en tous cas, certains) défendent les droits des pères, encourage le congé pat’, soutient les homosexuels…
Si vous vous dites encore « anti-féministe », lisez ce billet, après, je vous laisserai.