Adieu chère angoisse : Un roman que je conseille à toutes les personnes atteintes d’anxiété

Quand on parle d’anxiété, de crises d’angoisse, ou de crises de panique, les gens n’imaginent pas tout ce qu’il y a derrière. La puissance de ce monstre rongeur de vie qui habite tous les anxieux. C’est une maladie, on parle de troubles anxieux ou d’anxiété généralisée. Mais finalement, à par ceux qui le vivent au quotidien, personne ne comprend vraiment ce dont il s’agit réellement. Etant moi-même atteinte de ce trouble et ayant quasiment tout lu, tout vu et tout entendu sur le sujet auquel je m’intéresse de très près, j’ai sauté sur l’occasion dès que j’ai vu Adieu chère angoisse sur Amazon !

J’ai eu la chance d’interviewer l’auteure, Adeline Grais-Cernea, et vous dévoilerai nos échanges un peu plus bas dans l’article.

Adieu chère angoisse : Le témoignage saisissant et rassurant d’une femme atteinte d’anxiété

Adeline nous raconte comment, du jour au lendemain, ses angoisses sont apparues. Comment elle est parvenue à les gérer tant bien que mal et surtout, à vivre avec. J’ai particulièrement aimé son approche bienveillante et même humoristique, pleine d’auto-dérision. J’avais peur en lisant ce genre de témoignage, de me retrouver encore plus mal. Ça a été tout le contraire !

Ce roman a été pour moi une bouffée d’oxygène et un immense soulagement.

Cela faisait des années que j’attendais de lire ce genre de témoignage : positif et rempli d’espoir. Il m’est arrivé plus d’une fois de verser des larmes pendant ma lecture. Parce que pour la première fois, je me sentais réellement comprise, je ne me sentais plus seule. Je me reconnaissais dans cette jeune femme forte, battante et pourtant totalement perdue et submergée par des émotions et des symptômes physiques incompréhensibles.

Je recommande Adieu chère angoisse aussi bien aux personnes anxieuses qu’à leurs proches. C’est un bon moyen, surtout quand on peine à mettre des mots dessus, pour expliquer à nos proches ce que l’on ressent, ce que l’on vit.

Attention au premier chapitre

Dans le premier chapitre, l’auteure nous décrit sa première crise d’angoisse. Elle nous indique de passer directement au suivant si on est anxieux (parce que les personnes anxieuses qui lisent la description d’une crise d’angoisse peuvent en faire une). J’ai voulu faire ma maligne et la lire quand même et ça n’a pas raté, une grosse crise est montée. Donc ne soyez pas aussi stupide que moi et passez le premier chapitre si vous être encore trop fragile.

Ma rencontre avec Adeline, l’auteur de Adieu chère angoisse

Je remercie encore chaleureusement Adeline qui a accepté de me rencontrer. Cela m’a fait un bien fou de pouvoir échanger, pour la première fois, avec quelqu’un qui comprenait exactement ce que je vivais et réciproquement. Nous avons beaucoup ri, notamment en parlant de nos manies comme celle de toujours trouver la porte de sortie, qu’importe l’endroit dans lequel on se trouve.

Je vous livre ici mes questions et ses réponses :

1/ A quel moment as-tu eu envie d’écrire ce roman et pourquoi

J’ai lu un roman un jour qui débutait par le récit d’une crise d’angoisse. J’étais au lit, prise au piège par l’anxiété et j’ai cru que ce livre allait être une révélation, mais 3 pages plus tard, il parlait déjà d’autre chose… et je me suis retrouvée à nouveau seule, dans mon lit. J’ai alors commencé à travailler sur un roman qui parlerait des angoisses d’un jeune garçon, mon alter-ego. J’avais envie de créer une histoire qui parlerait aux gens comme moi. Le roman inachevé est resté dans un tiroir.

Quelques années plus tard, alors que je vivais au Canada, je me suis remise à travailler sur l’Angoisse. Cette fois, c’était un essai basé sur mon expérience et sur ce que j’en comprenais. Je tenais un journal, je faisais des schémas, des dessins grotesques… presque une œuvre d’art, haha ! Ça devait s’appeler le « Journal de l’angoisse de la mort qui tue », mais là encore c’est resté dans mon ordinateur.

En 2017, j’ai rassemblé les deux écrits en un et l’ai proposé à mon agent littéraire qui m’a incitée à en parler à la première personne. Ensemble et avec mon éditrice chez PAYOT, nous étions d’accord qu’en assumant mon histoire, plus de gens pourraient se retrouver dans mon texte et être réconfortés. Car voilà, le vrai moteur pour écrire ce témoignage : dire à tous ceux qui souffrent d’angoisse qu’ils ne sont pas seuls et qu’ils doivent tenir bon.

2/ Était-ce difficile pour toi de te replonger dans cette période d’anxiété ?

La grosse partie, je l’ai écrite quand j’étais vraiment angoissée. Le premier volet, les spasmes, je venais de sortir des Beaux-Arts et l’essai sur l’angoisse, j’étais au Canada donc j’étais en plein dedans. Ça allait un peu mieux parce qu’on m’avait décelé un truc concret, une maladie au cœur, à laquelle me raccrocher. Mais ça n’allait pas fort tout de même. Et quand j’ai travaillé la nouvelle version en fusionnant les deux, c’est vrai que là j’ai eu peur de retomber dedans. A certains moments j’étais un peu fébrile mais je n’avais plus ce truc à l’estomac qui est tout le temps là comme un fantôme ou une bête.

Aujourd’hui, je peux avoir des symptômes physiques sans que ça ne me fasse peur.

3/ Aujourd’hui peux-tu dire que tu es « guérie » ?

Oui. En fait ce n’est pas le fait de faire ou de ne pas faire des crises d’angoisses, c’est le fait de vivre bien avec. C’est l’état d’angoisse qui est insupportable, ce n’est pas la crise en elle-même. La crise, c’est chiant mais ça passe. Mais le pire c’est tout le reste, la crise, elle, dure 20 min mais si pendant les 23h40 qui restent dans la journée, tu es sur le fil du rasoir en permanence, que tu es focus sur ton petit nombril et que tu ne penses qu’à toi, qu’à ta façon de respirer, est-ce que tu deviens folle ou non, qu’est-ce qui va se passer… Ça, ce n’est pas la vie. Et c’est dans ces moments-là que la vie est insupportable.

4/ As-tu l’impression d’avoir trouvé l’élément déclencheur qui fait que tu es allées mieux ?

J’ai plusieurs versions. Peut-être qu’en apprenant que j’avais un problème au cœur, ça a enfin concrétisé quelque chose et donc, ça m’a aidé à me sortir des angoisses. Peut-être aussi que, quand je suis revenue à Paris, j’ai commencé à travailler dans la pub, j’ai commencé à faire un truc où j’étais à l’aise, que je savais faire, j’ai bossé pour des grosses boîtes, j’étais un peu plus fière de moi que d’habitude.

Après, l’élément déclencheur, c’est aussi que depuis 7 ans, je prends des bêtabloquants tous les jours pour mon problème de cœur et je pense que ça a bien calmé mon système nerveux aussi.

Et puis bien sûr le fait d’être aimée par quelqu’un que tu aimes, c’est mielleux à souhait, mais ça apporte un véritable réconfort. Le fait qu’il m’aime, ça me dit que je suis aimable.

5/ Un message d’espoir à ceux qui vivent la même chose ?

Ne jamais lâcher l’affaire. Il faut toujours garder espoir. Si vous êtes angoissé, c’est que vous pensez donc c’est déjà une bonne chose.  Sortir de l’angoisse ça veut aussi dire être parvenu à se trouver et ça prend du temps. Oui, ça prend du temps de savoir ce que l’on veut dans la vie, qui on est. Mais on y arrive tous un jour. Et puis tout ça nous permet aussi de mieux comprendre les gens qui sont en peine, les gens qui souffrent et je pense aussi que finalement, ça nous permet de relativiser sur notre vie et d’être plus facilement heureux que d’autres.

Vous pouvez vous procurer son roman ici !

Quelques extraits du roman Adieu chère angoisse

(P.43-44)

« Incroyable mais personne n’a été fichu de trouver un terme un peu plus savant. Il y a de quoi se fâcher. Crise d’angoisse, panique. Des mots anodins, vulgarisés par un quotidien théâtralisé : 

  • Demain, j’ai exam’, je suis super angoissée…
  • Mes parents ont appris que je fumais, l’angoooiiissssee !
  • Je vois Matt ce soir, je suis en panique !

Quiconque n’a jamais vécu une crise d’angoisse ne peut qu’en minimiser la nature, s’il se réfère uniquement à son nom. « Crise », « angoisse » : cela sonne comme un caprice. Une lubie de surexcitée. Une frénésie d’hystérique. Rien de grave, en somme. Rien de sérieux.

« J’ai fait une crise d’angoisse » « Oui, bah respire. »

Alors que si l’on employait un mot plus savant, qui fasse davantage penser à une vraie maladie, comme :

« J’ai fait une angolarite aiguë (ce mot n’existe pas mais au moins, il a le mérite de paraître grave.)

« Merde, et ça va ? Je peux faire quelque chose pour toi ? »

Pour beaucoup de gens, une « crise d’angoisse » est tout aussi absurde qu’une « crise de nerfs ». C’est une fredaine caractérielle.  »

(P.47)

« Les autres vous regardent comme un égocentrique qui s’efforce d’expliquer quelque chose qui n’en vaut pas la peine et n’intéresse personne, et la vision que les gens ont de vous dans ces moments-là est cruciale car elle est une source de malaise et abreuve directement l’angoisse. Alors, pour éviter les moqueries, le désintérêt ou l’indifférence, on préfère se taire. »

(P.48)

« Enfermé dans un va-et-vient de bien-être/mal-être, vous attendez maintenant uniquement de vous sentir mal pour essayer de capturer le problème/ Cette futilité vous domine. Vos moments de répit se font rares. Vous avez placé une sentinelle dans votre cerveau et elle reste éveillée dans l’attente que quelque chose se produise. « Juste une petite crise d’angoisse ». Mon cul. » »

(P.65)

« Les gens disent qu’ils sont déprimés parce qu’ils n’ont pas la vie qu’ils voudraient. En fait, ils dépriment parce qu’ils n’assument pas d’avoir la vie qu’ils veulent. »

(P.73)

« C’est très difficile d’expliquer cela à ses amis qui vous prennent alors soit pour une maniaco-dépressive (et se fatiguent jour après jour de devoir composer avec vos vapeurs), soit pour une menteuse cherchant n’importe quelle excuse pour ne plus les voir. Petit à petit, ils sortent de votre vie, mais vous ne pouvez pas les blâmer : après tout, c’est vous qui avez ouvert la porte. »

(P.99)

« Ce qui est fou, c’est qu’à chaque crise, c’est comme si c’était la première fois.Comme si mon cerveau n’arrivait pas à imprimer que c’est devenu son quotidien, et que donc, d’un certain point de vue, c’est « normal ».

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