Connemara de Nicolas Mathieu : la quête de sens au mitan de la vie

Nicolas Mathieu, auteur talentueux, a su se faire une place remarquée dans le paysage littéraire français. Lauréat du Prix Goncourt en 2018 pour « Leurs enfants après eux« , Mathieu a dépeint avec brio les désillusions d’une génération et les mutations de la France post-industrielle. Avec « Connemara », il continue d’explorer la complexité des vies ordinaires, dressant le portrait de deux êtres à la croisée des chemins.

Résumé du roman Connemara de Nicolas Mathieu :

Hélène a bientôt quarante ans. Elle est née dans une petite ville de l’Est de la France. Elle a fait de belles études, une carrière, deux filles et vit dans une maison d’architecte sur les hauteurs de Nancy. Elle a réalisé le programme des magazines et le rêve de son adolescence : se tirer, changer de milieu, réussir.
Et pourtant le sentiment de gâchis est là, les années ont passé, tout a déçu.
Christophe, lui, vient de dépasser la quarantaine. Il n’a jamais quitté ce bled où ils ont grandi avec Hélène. Il n’est plus si beau. Il a fait sa vie à petits pas, privilégiant les copains, la teuf, remettant au lendemain les grands efforts, les grandes décisions, l’âge des choix. Aujourd’hui, il vend de la bouffe pour chien, rêve de rejouer au hockey comme à seize ans, vit avec son père et son fils, une petite vie peinarde et indécise. On pourrait croire qu’il a tout raté.
Et pourtant il croit dur comme fer que tout est encore possible.
Connemara c’est cette histoire des comptes qu’on règle avec le passé et du travail aujourd’hui, entre PowerPoint et open space. C’est surtout le récit de ce tremblement au mitan de la vie, quand le décor est bien planté et que l’envie de tout refaire gronde en nous. Le récit d’un amour qui se cherche par-delà les distances dans un pays qui chante Sardou et va voter contre soi.

Critique de Connemara de Nicolas Matthieu

Inspiration mélodique et réminiscences

Il est difficile d’évoquer « Connemara » sans faire référence à l’entêtant morceau « Les lacs du Connemara ». Le choix de Nicolas Mathieu, lauréat du Prix Goncourt en 2018, de s’inspirer de cette chanson popularisée par Michel Sardou établit un lien instantané avec son lectorat. Tout comme la mélodie qui s’infiltre dans nos esprits, les protagonistes, notamment Christophe, se retrouvent hantés par ce refrain emblématique.

Deux vies, deux trajectoires

Le roman débute par l’évocation d’Hélène, femme moderne mariée à Philippe, et évoluant avec succès dans le monde professionnel à Nancy après un passage par Paris. À côté, Christophe, le quadragénaire nostalgique, nous est présenté, vivant dans une petite ville où l’influence du FN se fait sentir. Les parcours de ces deux figures centrales, avec leurs aspirations, leurs combats et leurs regrets, tissent la toile de fond de l’histoire.

Une incursion dans le monde du travail moderne

À travers le portrait d’Hélène, l’auteur nous plonge dans l’univers des entreprises de conseil, en particulier Elexia. Ces entreprises, qui influencent les décisions des élus et institutions, sont souvent synonymes de restructurations, de suppressions de postes et d’une quête effrénée de profit. Ce regard critique sur ce pan de notre société est d’une actualité brûlante.

Des moments d’intimité et une Lorraine authentique

Mathieu n’hésite pas à explorer les relations intimes de ses personnages, nous offrant des scènes d’une grande sensualité. Parallèlement, la passion pour le hockey sur glace est évoquée avec une précision qui enchantera les néophytes. Tout comme dans « Leurs enfants après eux », la Lorraine est dépeinte avec une affection sincère, mêlant beauté et défi.

Nicolas Mathieu réussit une fois de plus à captiver son lectorat par un style direct et sans artifice. Sa capacité à dépeindre la psychologie profonde de ses personnages, tout en dressant un portrait sans concession de notre époque, est remarquable. « Connemara » s’inscrit comme une œuvre pertinente, reflétant les enjeux contemporains avec une authenticité rafraîchissante.

Quelques extraits du roman

Le temps était passé si vite. Du bac à la quarantaine, la vie d’Hélène avait pris le TGV pour ‘l’abandonner un beau jour sur un quai dont il n’avait jamais été question, avec un corps changé, des valises sous les yeux, moins de tifs et plus de cul, des enfants à ses basques, un mec qui disait l’aimer et se défilait à chaque fois qu’il était question de faire une machine ou de garder les gosses pendant une grève scolaire. Sur ce quai-là, les hommes ne se retournaient plus très souvent sur son passage. Et ces regards qu’elle leur reprochait jadis, qui n’étaient bien sûr pas la mesure de sa valeur, ils ‘lui manquaient malgré tout. Tout avait changé en un claquement de doigts.

Avec le recul, il se disait qu’il avait vécu une drôle de jeunesse, qui ressemblait au paysage qu’on voit depuis le train, ces panoramas pris dans la vitesse où rien ne se fixe. Le hockey occupait la meilleure place de toute façon.

Il n’était pas question pour elle de coup de foudre ni de passion pied au plancher, le cœur à cent à l’heure et les mains moites. Là-dessus, Hollywood et la collection Harlequin pouvaient aller se faire mettre. À trente-deux ans, Jennifer ne se racontait plus d’histoire.

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