Nos préparatifs de mariage : du bonheur à l’Enfer

Le discours idéal

Il y a des instants dans une vie, où l'on se doit de prendre la parole pour exprimer ce qu'on ressent. Mais on n'a pas toujours les mots mots. On ne sait par où commencer. Aujourd'hui, on vous aide à vous lancer et à écrire le plus beau discours.

Article de Juliette.

Il nous paraissait important de faire baptiser Lou, pas forcément dans le culte de la religion Chrétienne mais plutôt pour la présenter à l’univers; que tous ses proches soient sur la même fréquence en même temps, qu’il y ait comme une communion autour d’elle, de bonne énergie, calme, paisible et limpide, histoire de lui donner tout l’amour possible pour bien commencer dans la vie. Un peu comme il est symbolisé dans l’histoire de la Belle aux Bois Dormant, avec les fées lui donnant chacune un don…

Rendez-vous avec le prêtre pris, préparatifs en route…on s’est aperçu qu’il fallait d’abord être mariés, au moins civilement. On avait prévu un mariage en grandes pompes d’ici quelques années mais pourquoi pas faire le mariage à la Mairie avant après tout ? Un petit truc simple et rapide, en attendant le “vrai”.

Alors vite vite, on boucle ça rapidement avec la Mairie, prépare les papiers, puis par soucis d’argent, imaginons un vin d’honneur en petit comité où chacun paierait sa part. Se rendant compte que l’idée choque, nous finissons par accepter la proposition de mon père qui souhaite nous offrir le vin d’honneur.

C’est là que commence la spirale infernale…

Mon mariage rêvé était d’inviter toute la famille au même moment, l’occasion de se retrouver tous et de fêter notre union, tant pour les deux mariés que pour lier les familles entre elles. Ma famille est très nombreuse et, un peu compliquée; du temps des mariages arrangés, pour garder la fortune familiale ma grand-mère s’est mariée avec mon grand-père et la soeur de ma grand-mère avec le frère de mon grand-père. De ce fait, nous sommes très liés avec ces cousins germains, depuis mon enfance. Sauf qu’avec le temps, la crise financière etc. tout le monde s’est un peu écarté. Je tenais donc particulièrement à “renouer” avec elle et profiter de cette grande occasion pour. Alors ma mère a proposé de les inviter à un dîner-réception dans la maison familiale, chez elle (anciennement maison de mes grands-parents donc bourrée de souvenirs). Symboliquement ça tenait debout, j’étais ravie ! J’ai donc demandé à ce que les invités de la Mairie + vin d’honneur viennent bruncher là-bas aussi, avant que les invités du soir arrivent. Tout prenait forme…

Par excitation sûrement, ma mère s’est empressée de vouloir coudre les robes des demoiselles d’honneur, les noeuds papillons des témoins…alors qu’en tant qu’event planner de métier, j’avais déjà tout prévu et imaginé ! De plus, j’avais déjà une idée très précise de ce que serait “mon” mariage, même civil. Car évidemment nous n’avions pas les mêmes goûts et, évidemment, elle ne m’a pas consulté avant le choix des tissus… Après tout, si ça lui faisait plaisir, je voulais bien céder.

Je commençais à tout organiser sereinement de mon côté, puis ma mère s’est prise d’un stress énorme et commençait à paniquer du sien. Nous avions dès lors des contraintes-plaintes telles que “pas de déjeuner le midi”, “nous n’auront jamais le temps”, “c’est une énorme organisation tu ne te rends pas compte”, “il y a trop de monde”, “il faut inviter la famille de pierre (mon beau père) et nos amis pour rendre la pareille”, “ton père est interdit de séjour ici”, “je n’irai pas au vin d’honneur” etc. … Les incohérences et une légère gêne commençaient à apparaître; je me sentais perdre totalement pied : ça ne ressemblait plus à notre mariage mais à celui de mes parents ! Mes parents qui se “détestent” et ne peuvent pas se blairer à tel point qu’ils ne peuvent ni se voir ni se sentir, même pas pour le mariage de leur fille. C’était de la surenchère; mon beau-père voulait dire qu’il faisait “mieux” que mon père. Puis, cerise sur le gâteau, il fallait les “rembourser” après, avec les enveloppe récoltées dans l’urne pour que ma mère les bloque sur mon compte bancaire. Wtf ?! Nous perdions totalement le contrôle, de tout. Je me sentais infantilisée. Pour mon mariage ? Une discussion s’imposait.

Je voulais bien trouver des compromis pour que tous soient contents, mais il fallait que ça reste notre événement, à mon conjoint et moi. Les points sur les “i” mis, ma mère a promis nous de faire part de ses intentions avant de commencer quoi que ce soit de son côté (y compris l’invitation des voisins à l’événement…) et nous avons mis en place une dropbox pour y stocker tous nos documents et idées concernant le mariage. Plus de transparence, pour moins de vrille. Les parents de mon ami ont également été mis dans la boucle. Ils se proposaient de participer pour les gâteaux et le champagne. Ouf, situation rattrapée ! Nous ne pouvions annuler l’invitation des voisins mais au moins les futurs débordements pourraient être stoppés à temps.

Je continuais donc mes demandes de devis; j’avais un prix chez Venkren Pommery grâce à une ancienne collègue et un super prix d’ami du pâtissier du coin, ancien patron de mon frère. Je calcule, prenant en compte le nombre d’invités total, les réductions… Evidemment j’en fais part à la mère de mon fiancé puis…d’un coup d’un seul, retournement de situation; j’apprends qu’elle apprend tout juste qu’il y a un dîner d’organisé et non un simple vin d’honneur suivi d’un dej’. Thibault avait omis de tout lui dire. Elle s’attendait à régler pour 50 personnes et non le quadruple et, nous a donc précisé qu’elle ne participerait que pour le midi.

Pour moi c’en était trop. Je me sentais écartelée. Mon père d’un côté, ma mère de l’autre, la famille germaine puis celle de Thibault…En pensant s’unir et lier tout le monde, j’avais créé un tremblement de terre qui séparait tout de ses crevasses. Les frontières ne voulaient pas céder, comme un rappel me martelant encore “tu rêves ma petite, n’oublies pas que tu es dans ce monde et qu’il y a des règles ici, celles de l’individualisme et de la séparation, non du TOUT EST UN”. Retour brutal à la rude réalité. Alors, “le plus beau jour de ma vie” ne pouvait pas juste pour une fois, représenter l’amour, l’unicité, le tout ? A quoi bon dans ce cas ?

Je regardais la porte de sa chambre, devenant floue sous les larmes remplissant mes yeux écartelés, ces trois lettres se tenant joliment debout : L-O-U. “Dans quel monde je t’embarque ?”

Puis mon regard s’est tourné vers le tableau “Superhero rules” où on pouvait lire :

“be brave — protect — always wear the cape and the mask — be kind to everyone and everything — be extraordinary — speak kind words — be strong — do your best”

Crise de panique, respiration haletante, œdème de Quinck, je connaissais bien la chanson, vomis dans ma bouche, vite, aux toilettes, on recrache tout, on pleure, puis le réveil sonne : c’est l’heure d’aller travailler. Comme un rappel à la réalité, je m’essuie la bouche, me lève, me la rince, commande un Uber, puis pars. Je n’avais plus la force d’affronter le bus et ces sardines serrées qui se bousculent et s’hurlent dessus, moi, enceinte, sans personne se levant pour me céder une petite place.

Ce jour là, à la place des bonbons et de la bouteille d’eau habituelle, il y avait un paquet de mouchoir dans le Uber.
Coïncidence ou leçon de vie ? Je me rappelais alors que pour exercer l’amour il fallait être exposé aux guerres, au chaos, à tout ça…

Le coeur en lambeau, garder son cap, coûte que coûte.

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