D’amour et d’eau salée

Dites-le avec une lettre

Il y a des choses qu'on aimerait pouvoir écrire... Mais on ne sait pas toujours par où commencer, comment trouver les bons mots, véhiculer la bonne intention. Aujourd'hui, on vous aide à vous lancer et envoyer la lettre parfaite:
3 sur 3Suiv

En ce samedi d’Août rien ne semblait avoir changé. Les restaurants étaient remplis, les cinémas bondés. Les parcs abondaient de jeunes filles en fleur et le soleil remplissait les cœurs. La vie suivait son cours tandis que la mienne venait de s’écrouler. Je l’avais fait. J’avais enfin eu le courage d’affronter ma plus grande peur. Le quitter.

Le quitter parce que je n’avais plus la force de lutter, on ne peut attaquer quelqu’un qui n’essaye même pas de se défendre. Le quitter parce qu’il ne m’aimait plus depuis longtemps. Le quitter parce que ses yeux ne me dévoraient plus, parce que j’étais devenue une habitude, une infime partie du quotidien, un rayon lumineux à mes heures perdues. C’était fini. Pas pour quelques heures, pas pour quelques jours. Je n’avais finalement pas souhaité une pause, un espoir dans la reconstruction d’un avenir possible. Non. J’avais coupé le fil. Pour de bon.

Et en parcourant les rues de Paris, le cœur à vif et les yeux troubles, je continuais à me rendre compte que rien n’avait changé. Si ma vie venait de s’écrouler, de s’achever d’un coup, celle des autres se poursuivait doucement, sans aucune interruption. J’aurais voulu cogner à toutes les portes, appuyer sur les sonnettes des immeubles, hurler que je l’avais fait. J’aurais voulu crier au secours, demander de l’aide, n’importe laquelle. Une épaule sur laquelle pleurer, une oreille pour m’écouter, un cœur pour me comprendre. J’aurais voulu qu’on m’entende, qu’on perçoive mon cri silencieux. J’aurais voulu leur dire que j’avais envie de mourir, que j’avais besoin d’aide, vraiment. Mais j’étais immobile, paralysée. Je n’étais plus capable de rien.

Allongée sur mon canapé, celui que j’avais acheté avec Antoine, celui qu’on aimait tant, je regardais les nuages. Eux aussi poursuivaient leur trajectoire. Eux non plus ne s’arrêtaient pas devant ma fenêtre. Je fumais ma trentième cigarette, avec dégoût. Me détruire à petit feu. Je regardais mon portable tous les quarts d’heure, comme s’il allait revenir, changé, aimant. Mais rien, l’écran était vide, comme moi. Même plus de photo en arrière plan. Rien. Je le savais, c’était fini, terminé, plié, balayé. Je le savais mais me refusais à y penser.

***

La pluie vient de cesser. J’aurais préféré qu’elle continue, qu’il fasse froid et gris. Les rayons du soleil me donnent la nausée, ils illuminent le bonheur des autres. Doucement je commence à comprendre que je n’ai conservé d’Antoine que sa meilleure facette et que j’ai occulté, d’une certaine manière, tout ce que je haïssais, tout le mal qu’il me procurait, toute ma souffrance. J’ai fait de lui un idéal dénué de défauts, j’ai construit un édifice falsifié autour de sa petite personne. Une fois encore, ce qui survit dans ma pensée, c’est le bonheur de nos débuts, la nostalgie simplificatrice et réparatrice. Le film de notre histoire est devenu imprécis, les images sont floutées, embellies. C’est peut-être mieux comme ça. Même si je sais que demain je penserai déjà le contraire…

3 sur 3Suiv

Première réaction d'un lecteur

Cet article est récent et vous êtes sans doute un des tous premiers lecteurs à le dénicher... Soyez le premier à laisser un commentaire, partager un avis, une idée... pour lancer la discussion :).

Voir les commentaires

Vous aimez lire sur l'amour ?

Recevez 1 e-mail par mois contenant les nouveaux articles les plus appréciés par la communauté Parler d'Amour

Lecteurs de Parlerdamour.fr

Laisser un commentaire