Lettre d’amour de Victor Hugo à Juliette Drouet (1838)

Dites-le avec une lettre

Il y a des choses qu'on aimerait pouvoir écrire... Mais on ne sait pas toujours par où commencer, comment trouver les bons mots, véhiculer la bonne intention. Aujourd'hui, on vous aide à vous lancer et envoyer la lettre parfaite:

Juliette Drouet (1806-1883)  fut la maîtresse du grand poète français et écrivain Victor Hugo (1802-1885). Elle fut également une inlassable épistolière. Ses lettres à Hugo sont quasi quotidiennes. Leur rencontre a lieu en 1833 et Juliette devient sa maîtresse. Elle lui consacrera sa vie et le sauvera de l’emprisonnement lors du coup d’Etat de Napoléon III. Il écrira pour elle de nombreux poèmes.

En octobre 1833, Juliette fuit et brûle les lettres d’Hugo suite à la jalousie et aux absences de ce derniers. Victor Hugo lui répond avec cette lettre.

Voici une lettre d’amour de Hugo à Juliette Drouet en réponse à une des  ses lettres :

Tes lettres ma Juliette, c’est mon trésor, mon écrin, ma richesse ! Notre vie est là, déposée jour par jour, pensée par pensée. Tout ce que tu as rêvé est là, tout ce que tu as souffert est là. Ce sont autant de petits miroirs charmants dont chacun reflète un côté de ta belle âme. Le jour où ton regard a rencontré mon regard pour la première fois, un rayon est allé de ton cœur au mien, comme l’aurore à une ruine. N’oublions jamais cet effroyable orage du 24 septembre 1835, si plein de douces choses pour nous. La pluie tombait à torrent, les feuilles de l’arbre ne servaient qu’à la conduire, plus froide sur nos tête, le ciel était plein de tonnerre, tu étais nue entre mes bras. Ton beau visage caché dans mes genoux ne se détournant que pour me sourire et ta chemise collait par l’eau sur tes belles épaules. Que ce jour là soit un souvenir d’or pour les jours qui nous restent. Ici notre union s’est scellée dans une promesse solennelle. Ici nos deux vies se sont soudées à jamais. Souvenons-nous toujours de ce que nous nous devons désormais l’un l’autre. Ce que tu me dois, je l’ignore, mais ce que je te dois je le sais, c’est le bonheur. Comment ne vois tu pas que tout ce que je te fais, même le mal que je te fais, c’est de l’amour ? De l’amour fou, extravagant, méchant, jaloux, inquiet, tout ce que tu voudras, mais de l’amour. Tu as brulé mes lettres, ma Juliette, mais tu n’as pas détruit mon amour.Il est entier et vivant dans mon cœur comme le premier jour. Ces lettres, quand tu les as détruites, je sais tout ce qu’il y avait de douleur, de générosité et d’amour dans ton âme. C’était tout mon cœur, c’était tout ce que j’avais jamais écrit de plus vrai et de plus profondément senti, c’était mes entrailles, c’était mon sang, c’était ma vie et ma pensée pendant six mois, c’était la trace de toi dans moi, le passage, le sillon creusé bien avant de ton existence dans la mienne. Sur un mot de moi que tu as mal interprété, et qui n’a jamais eu le sens injuste que tu lui prêtais, tu as détruit tout cela. J’en ai plus d’une fois amèrement gémi. Mais je ne t’ai jamais accusée de l’avoir fait. Ma belle âme, mon ange, ma pauvre chère Juliette, je te comprends et je t’aime ! Je ne veux pas pourtant que cette trace de ta vie dans la mienne, soit à toujours effacée. Je veux qu’elle reste, je veux qu’on la retrouve un jour, quand nous ne serons plus que cendres tous les deux, quand cette révélation ne pourra plus briser le cœur de personne, je veux qu’on sache que j’ai aimée, que je t’ai estimée, que j’ai baisé tes pieds, que j’ai eu le cœur plein de culte et d’adoration pour toi. C’est que depuis huit mois que mes yeux pénètrent à chaque instant jusqu’au fond de ton âme, je n’y ai encore rien surpris, rien de ce que je pense, rien de ce que tu sens qui fût indigne de toi et de moi. J’ai déploré plus d’une fois les fatalités de ta vie, mon pauvre ange méconnu, mais je te le dis dans la joie de mon cœur, si jamais âme a été noble, pure, grande, généreuse, c’est la tienne, si jamais cœur a été bon, simple, dévoué, c’est le tien, si jamais amour a été complet, profond, tendre, brûlant, inépuisable, infini, c’est le mien. Je baise ta belle âme sur ton beau front.

1838

Pour plus de lettres de Victor Hugo

Source : http://etesvouslivres.org/victor%20a%20juliette.pdf

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