Lettre de Manon Baletti à Casanova : « Je vous aime, je ne puis le nier »

Dites-le avec une lettre

Il y a des choses qu'on aimerait pouvoir écrire... Mais on ne sait pas toujours par où commencer, comment trouver les bons mots, véhiculer la bonne intention. Aujourd'hui, on vous aide à vous lancer et envoyer la lettre parfaite:

Giacomo Girolamo Casanova (1725-1798) fut violoniste, écrivain, magicien (pour escroquer Madame d’Urfé), espion, diplomate et bibliothécaire. Casanova est aujourd’hui célèbre pour sa réputation de séducteur. Souvent comparé  à Don Juan, il savait séduire les femmes en usant de son charme ou en les manipulant avec perfidie. Il « doit » cette réputation à son oeuvre autobiographique « Histoire de ma vie ».

C’est en 1750, accompagné par son meilleur ami Antonio Balletti, qu’il est logé chez Mario et Silvia Balletti dont la fille est Manon Balletti avec qui il vivra une relation platonique. Ils seront d’ailleurs fiancés.

août 1757, minuit

Je m’aperçois plus que jamais de la tendre amitié que j’ai pour vous, mon cher Casanova ; l’occasion présente me le persuade plus que jamais.

Votre éloignement me cause une douleur que je ne puis vous peindre ; l’accablement où je suis ne m’en donne pas la force. Je ne peux pas me faire à la triste idée que vous êtes éloigné de moi, que je serai deux mois entiers sans vous voir et sans pouvoir même recevoir de vos nouvelles. Ces tristes pensées m’accablent, me navrent le cœur de douleur. Je ne puis y penser. Hélas ! mon cher ami, je serai bientôt privée moi-même de vous donner des assurances de mon amitié : mon frère va partir ; toute consolation m’est enlevée ; représentez-vous mon état, mon cher ami.

Je vous aime, je ne puis le nier (que cet aveu vous serve à m’aimer davantage et non pas à vous en glorifier, car, qu’y gagneriez-vous ?). Je vous aime donc, enfin. Je vous ai vu partir avec le chagrin que ressent un cœur, lorsqu’il est au moment de perdre ce qu’il aime ; il a fallu contraindre ma douleur, ne la pas montrer à un tas de gens curieux qui semblaient m’examiner avec une pénétration barbare.

Ah ! quel terrible moment, que la nuit est venue à propos ! Je me suis couchée, moins pour dormir que pour penser à vous tout à mon aise, et donner libre cours à mes pleurs que je n’avais que trop longtemps retenus ; ils n’ont pas tari. J’ai lu et relu votre chère lettre. Vous m’y recommandez de la gaieté. Eh ! puis-je en avoir, vous sachant loin de moi ? Si vous m’aimez, mon cher, vous n’en devez pas ressentir et vous devez juger que je suis dans le même cas. Que vous avez bien raison de ne me pas soupçonner d’inconstance ! Je ne me sens pas portée à l’être, et surtout avec vous…

Écrivez, je vous prie… à la maison et faites-moi savoir équivoquement si vous avez reçu ma lettre. Adieu, mon seul ami ; adieu, aimez-moi toujours. Songez que je ne changerai jamais et que votre retour pourra seul me rendre contente.

Il me semble qu’il y a déjà un mois que je ne vous vois pas. Adieu ; ayez soin de votre petit compagnon ; chérissez-le toujours ; il est tout à vous.

Je vous écrirai mercredi à Dunkerque.

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(Source : bmlisieux)

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