Doutes post-coïtaux : Texte de Lucie

Dites-le avec une lettre

Il y a des choses qu'on aimerait pouvoir écrire... Mais on ne sait pas toujours par où commencer, comment trouver les bons mots, véhiculer la bonne intention. Aujourd'hui, on vous aide à vous lancer et envoyer la lettre parfaite:

DOUTES POST-COITAUX

Ce moment ingrat ou – bien qu’arrivé à atteindre ton objectif – le mec trop canon que tu convoites depuis plusieurs semaines, ce qui devait être un moment de gloire, de jouissance et de joie se transforme en nébuleuse de doutes, en avalanche de questions. C’est lui qui m’as tendu la perche, et en bonne femme que je suis, j’ai joué la fille intéressée mais distante, écourté nos conversations, répondu négligemment à ses messages, liké ponctuellement quelques unes de ses publications et plus officieusement : checké son profil sur les réseaux sociaux , reluquer ses photos plus admirative que jamais de tant de charme et fondre petit à petit pour cet homme … Celui-la même qui, encore quelques heures auparavant, couvrait mon corps de baisers, prenait ma tête dans ses mains passionnément et rigolait allègrement de mes facéties . J’étais alors maître du jeu,  me faisant désirer pour obtenir enfin le délivrant chassé-croisé de nos corps, de nos peaux, de ce désir réciproque au combien attendu.

Bref, sur l’échelle de la bonne soirée je donnais facilement un 9 à celle-ci, comblée par l’ambiance générale, les discussions animées avec de parfaits inconnus, les rires échangés avec de vieux amis, le plaisir d’être à ses côtés, de le découvrir pour finir par le raccompagner chez lui au nom du sacro « dernier verre ». Bref disais-je, alors que d’interminables discussions nous avaient poussés jusqu’à l’aube avant de se jeter l’un sur l’autre et qu’au petit matin je rentrais rejoindre le nid familial, le doute commençait déjà à s’installer.

Ne m’étais-je pas promis, il y a peu encore, de ne plus jamais céder à un homme le premier soir ?? Bordel !! J’étais déjà nettement moins fière de moi au souvenir de cette promesse faite à moi-même, car oui, avec le temps je trouvais ça un peu facile même si j’avais réussi à faire traîner la chose une nuit entière … Je réalisais un autre manquement, une autre promesse que je ne m’étais pas tenue, celle de ne plus m’envoyer en l’air alcoolisée au petit matin, parce que fatigue+alcool faisaient de moi une bien piètre amante, fainéante et vaseuse, rien de bien sexy ! Et là encore, j’étais lucide sur nos ébats c’était sympa mais pas top ! J’avais très vite eu la bouche asséchée avec comme seul désir d’inonder mon corps d’eau (chose qu’il a faite d’ailleurs) j’avais été peu active au regard de mes capacités habituelles et assez impatiente que la chose ne s’éternise pas ! A l’inverse, monsieur tenait la cadence avec motivation, ce qui évidemment  ne m’arrangeait pas vraiment.  Il faisait chaud, je mourais de soif et pour couronner le tout, un peu ivre, je ne faisais pas preuve de ma douceur habituelle, lui infligeant quelques coups de griffes et autres maladresses. Je dû partir dans la foulée, retrouver l’enfant qui n’allait pas tarder à se réveiller et tenter de faire bonne figure. Ce qui ne nous laissa pas le temps de dormir ensemble un peu plus, peut-être même de refaire l’amour un peu mieux au réveil, voire de partager un café. Je laissais en plan l’être tant convoité, après un coït malmené, que je signais de mon numéro de téléphone sur son miroir. Là encore, j’avais un doute à ce sujet … je regrettais déjà mon geste qui lui offrait la preuve évidente de mon envie de le revoir. J’étais cuite, l’irrésistible indépendante laissait place à la soumise, ce geste  qui disait clairement « appelle-moi – je t’en supplie- je t’aime », l’horreur donc. La femme forte s’effaçait pour la fragile, déjà torturée de mille et une questions. Qu’allait-il penser en découvrant le gribouillage sur son miroir, allait-il me rappeler ??? Au secours !! Criais-je intérieurement. J’aurais aimé trouver la force de ne pas succomber aux aurores, de pouvoir lui dire posément que je n’étais pas en état de bien faire les choses et qu’il était plus judicieux, s’il en avait envie, de se revoir un autre soir pour terminer ce qui avait été une très agréable soirée. Il en aurait eu envie et j’aurais attendu impatiemment ce moment sans avoir à rentrer chez moi comme une voleuse. Je me serai présentée chez lui plus sexy que jamais, j’aurais moins bu, lui aussi, et peut-être aurais-je marqué plus profondément son esprit et son corps de ma verve et de mon sexappeal. Ce moment intime aurait été de meilleur qualité et je ne serais pas là aujourd’hui à ruminer ce qui c’était passé comme une princesse désenchantée.

Réduite 24h plus tard à attendre une réponse, un ptit mot, un clin d’œil je réalisais naïvement que le peu de confiance et de principes acquis pouvaient s’envoler au premier baiser de l’homme convoité.  Désœuvrée, je n’étais plus ni maîtresse ni princesse …

Tu l’as voulu, tu l’as eu !

Lucie

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