Accouchement par césarienne et culpabilité : De la difficulté à se considérer comme une mère comme les autres

Accouchement par césarienne et culpabilité : De la difficulté à se considérer comme une mère comme les autres

Lorsqu’on est enceinte, on se fait souvent, à l’approche de la date prévue d’accouchement, tout un scénario sur l’arrivée de son bébé. Comment vont se passer la naissance, le déroulement le jour J, la sensation de perdre les eaux, les contractions, l’intensité de la douleur et la sortie du bébé ? On pense autant à l’accouchement en lui-même qu’au bonheur que l’on va ressentir une fois notre bébé posé sur notre ventre. Seulement, ce qu’il y a, c’est que l’on n’est absolument pas maîtresse des événements pour ce que l’on appelle le miracle de la vie.

On a beau avoir tout prévu, tout imaginé, tout envisagé, les choses se passent rarement comme on le pensait, encore moins comme on l’espérait. Certaines naissance sont plus difficiles que d’autres et sont synonymes de complications. Dans certains cas, qu’elles soient programmées d’avance du fait d’une grossesse à risques ou qu’elles se déroulent en urgence, certaines naissances ont lieu par césarienne. Même si c’est la meilleure chose pour la maman et le bébé, même si on n’a de toute façon pas le choix, cette arrivée « non-naturelle », et on a l’impression que les choses sont précipitées et que la nature, et notre corps, n’ont pas fait les choses correctement. Alors qu’en est-il du ressenti de la maman après avoir subi une césarienne ? Après une naissance par césarienne, est-il difficile de créer un lien mère/enfant, de se considérer comme une mère comme les autres ?

Spectatrice et non actrice de son accouchement

Lorsqu’on subit, et qu’on fait subir surtout à son bébé, une naissance par césarienne, on parle difficilement d’accouchement. Même si on utilise l’expression d’accouchement par césarienne, dans les faits on ne connaît pas la sensation d’accoucher par voie basse, de pousser, d’avoir des contractions, de sentir son enfant sortir de soi et de l’expulser pour le faire naître naturellement.

Ce qu’on connaît par contre, c’est la décision programmée ou précipitée, si urgence, d’une naissance par césarienne synonyme d’anesthésie locale, de sonde urinaire, de champs chirurgicaux et de bloc opératoire.
Ma césarienne a eu lieu en urgence, suite à une hospitalisation pour hypertension et un déclenchement trois jours plus tôt pour tenter une naissance naturellement. Trois jours à attendre que les produits injectés déclenchent le travail, sans résultat.

Mon corps ne réagissait pas, bébé ne voulait pas sortir.

Seulement au bout de ces trois jours, il est impossible de faire machine arrière et d’attendre de voir si la nature veut bien faire quelque chose. Avec ce que le corps a assimilé comme produits, cela s’avère dangereux pour la tension de la maman et pour les signes vitaux du bébé d’attendre plus longtemps. Alors la césarienne est la seule issue quand un déclenchement ne fonctionne pas. Je me rappelle des explications rapides de la sage-femme, de la pose de la sonde en salle de pré-travail puis de celle de l’aiguille de l’anesthésie dans le bas du dos arrivée au bloc opératoire.

Et de ce froid. Glacial, renforcé par le fait que j’étais seule, le papa n’ayant pas eu le droit d’assister à la césarienne, perdue, apeurée et de plus en plus passive et déconnectée malgré moi à cause de l’anesthésie. Même si vous ne vous endormez pas et que vous êtes anesthésiée uniquement de la pointe des orteils à la poitrine, vous êtes vaseuse, et isolée du reste de votre corps par ce grand drap, ce champ derrière lequel le chirurgien va inciser le bas de votre ventre pour faire sortir, et donc naître, votre bébé.

Même si on sent quand même comme un pincement quand notre bébé sort de notre ventre et qu’on l’entend ensuite pleurer, on ne peut rien faire ni voir, et notre enfant nous est montré à peine une minute près de notre visage avant d’être emmené par la sage-femme hors du bloc car il y fait trop froid. Là où on devrait pleurer de joie, partager la plupart du temps cela avec le papa, on est seule, notre bébé comme arraché subitement à notre ventre et à notre vue, et on doit attendre la fin de l’intervention puis rester face à sa solitude en salle de réveil. Plusieurs heures à ne ressentir que du vide parmi les vapeurs encore présentes de l’anesthésie, là où on devrait plutôt éprouver un immense bonheur.

Les émotions négatives prennent le dessus lors d’un « accouchement par césarienne »

Cette césarienne qui est au final autant une opération qu’une naissance, peut engendrer tout un flot d’émotions négatives pour la maman dont il est difficile de se défaire pendant les heures et les jours qui suivent la naissance.

Une forte culpabilité peut être ressentie avant même la césarienne

Dès qu’on sait que l’accouchement par voie basse n’aura pas lieu car on a l’impression de faire subir à son bébé une arrivée trop rapide, pas naturelle, de l’arracher trop tôt à notre ventre et on a peur pour sa santé, on s’en veut de ne pas avoir réussi à mener à terme sa grossesse.

La honte est un sentiment également très présent

On se reproche de ne pas avoir pu, avoir su, accoucher par voie naturelle comme la plupart des femmes, aller au bout de sa grossesse comme si notre corps nous trahissait, comme si nous n’étions pas faites pour enfanter, comme si le problème venait intrinsèquement de nous, comme si on était inapte à donner la vie normalement.

On oscille entre frustration et tristesse après la naissance

Pendant plusieurs heures mais le plus souvent pendant un ou deux jours, de ne pas pouvoir se lever pour s’occuper de son bébé car on est alitée à cause de l’anesthésie et des douleurs de l’intervention. On se sent impuissante face à tout cela, on n’est plus maîtresse de son corps et de la situation.

Une pointe de jalousie envers le papa

Une pointe de jalousie envers le papa peut faire son apparition quand on se dit que l’on est privée du premier vrai contact avec son bébé, du premier « peau à peau », des premières minutes de vie de son enfant. On doit attendre pour créer ce premier lien physique et c’est douloureux de constater qu’on est quelque part exclue des premiers instants de vie de son enfant.
Il est donc souvent difficile, dans les heures qui suivent une césarienne, de faire le tri entre toutes ces sensations, toutes ces émotions négatives pour ne ressentir que le bonheur d’être mère.

Heureusement, la plupart du temps, ce spleen ne dure pas, mais la question se pose souvent du lien mère/enfant créé à l’issue d’une naissance par césarienne.

S’autoriser à être une mère comme les autres

La difficulté après une césarienne, c’est qu’on est centrée sur soi par obligation, alors qu’on aimerait ne penser qu’au bien-être de son nourrisson. Seulement, il faut d’abord reprendre des forces pour s’occuper de lui. Je ne pense pas que le lien maternel soit différent, seulement il peut prendre plus de temps à s’épanouir réellement le temps d’évacuer toutes les émotions négatives citées ci-dessus.

C’est comme si on devait accepter une période d’adaptation avant de ressentir pleinement le bonheur d’être mère. Je crois qu’il est important de ne pas s’enfermer dans ce malaise, qu’il ne faut surtout pas garder ses émotions négatives pour soi. Il ne faut pas hésiter à en parler avec le papa, avec quelqu’un de sa famille, une autre maman ou une personne du corps médical.

Je me souviens d’une formidable auxiliaire-puéricultrice qui m’a fait prendre conscience de cela. Voyant ma frustration, ma tristesse, elle m’a dit que cela était courant après une césarienne mais qu’il ne fallait surtout pas de laisser ronger par la honte ou envahir par la culpabilité. Que je méritais d’être une maman comme les autres, et que devais me faire confiance. Pour cela, elle m’a dit de parler à mon bébé afin d’évacuer toute cette souffrance, de lui expliquer ce qui s’était passé, de le rassurer, de m’autoriser à pleurer une dernière fois à ce sujet avant de me donner le droit ensuite de me considérer et d’être une maman, vraiment.

Grâce à son aide, et malgré l’après-césarienne qui limitait ma mobilité, j’ai créé ce lien très fort avec mon fils dès la maternité.

Je ne sais pas s’il est plus fort que celui d’une maman qui accouche par voie naturelle, je sais juste qu’il ne l’est pas moins en tout cas. La naissance de mon enfant par césarienne ne m’a en rien amputée d’une partie de mon instinct maternel et de mon amour pour lui.

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